2007
Cairn
Jean-Léon Muller, « Une mémoire hongroise particulière : le cas d'Aladár Kuncz », Guerres mondiales et conflits contemporains, ID : 10670/1.rue5ho
Une mémoire hongroise particulière : le cas d’Aladár KunczEn Hongrie, comme dans tous les pays d’Europe impliqués dans la Première Guerre mondiale, les œuvres littéraires ont pris part à la construction de la mémoire collective du conflit. Dans la production mémorielle des années 1920 et 1930, autobiographie et témoignages se taillent la part du lion. Mais certaines œuvres se distinguent par l’écho qu’elles rencontrent, l’ampleur de leur diffusion et l’empreinte qu’elles laissent dans les esprits. Dans le cas hongrois, un récit illustre avec éloquence ce dialogue entre mémoires collective et individuelle. Il s’agit de Fekete Kolostor (Le Monastère noir) d’Aladár Kuncz. L’audience de ce témoignage traduit dans de nombreuses langues ne s’est jamais démentie depuis sa publication en 1931. L’œuvre est un document d’une indéniable valeur historique et constitue presque le seul récit à valeur littéraire sur l’internement des étrangers en France de 1914 à 1918. D’autres souvenirs de guerre hongrois ont franchi la barrière de la langue, mais ils n’ont pas conservé la notoriété du Monastère noir. Ce dernier irrigue toujours la mémoire hongroise des années de guerre et continue d’alimenter l’historiographie, à la faveur d’un intérêt croissant pour les zones d’ombre du conflit mondial où s’exprime la résistance des individus face à la logique politique et militaire dominante.