Insectes, momies et pratiques funéraires : contribution de l’archéoentomologie, de la paléoparasitologie et de l’imagerie 3D à l’étude de momies préhispaniques de la côte centrale du Pérou Insects, mummies and funerary practices : contribution of archaeoentomology, paleoparasitology and 3D imaging to the study of pre-Hispanic mummies of the central coast of Peru Fr En

Fiche du document

Date

13 décembre 2023

Périmètre
Langue
Identifiant
Source

Theses.fr

Collection

Theses.fr

Organisation

ABES

Licences

Restricted Access , http://purl.org/eprint/accessRights/RestrictedAccess




Citer ce document

Pauline Kirgis, « Insectes, momies et pratiques funéraires : contribution de l’archéoentomologie, de la paléoparasitologie et de l’imagerie 3D à l’étude de momies préhispaniques de la côte centrale du Pérou », Theses.fr, ID : 10670/1.rut6ej


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr En

Les insectes sont de puissantes sources d'information. L'application de l'entomologie médico-légale dans un contexte archéologique, désignée par le terme d'« archéoentomologie funéraire », apparaît comme une méthode pertinente pour enrichir les enquêtes sur le traitement des morts, les événements taphonomiques et, par extension, les pratiques funéraires des sociétés passées. Les recherches récentes dans ce domaine particulier de la bioarchéologie soulignent l'intérêt de l'étude de la nécrofaune invertébrée appliquée à l'archéothanatologie puisque, véritables « horloges biologiques », les insectes permettent d'établir des chronogrammes relatifs aux pratiques funéraires à des niveaux interprétatifs très distincts tels : durée de l'exposition des corps avant inhumation, processus anthropiques et/ou naturels de momification, saisonnalité du décès... Aujourd'hui peu d'études archéoentomologiques ont été consacrées aux momies préhispaniques, malgré leur forte prévalence dans la plupart des musées mondiaux. Les momies d’Amérique du Sud sont les plus vieilles au monde avec celles des Chinchorros datant de près de 5000 avant notre ère. La conservation des restes momifiés est excellente et les paquets funéraires qui enveloppent les défunts sont le reflet du monde des vivants au travers du monde des morts. L’ancien Pérou illustre à lui seul tous les étages écologiques et tous les milieux environnementaux. Certaines régions arides, comme la côte sont particulièrement favorables à la préservation des insectes et de la matière organique. Leur exosquelette riche en chitine ainsi que le climat aride du Pérou, sont très certainement les deux principaux facteurs expliquant la conservation exceptionnelle de ces derniers. Nous avons étudié un corpus de 48 paquets funéraires provenant du site de Pachacamac (côte centrale). Ces paquets ou fardos de la culture Ychma sont datés entre 1295 et 1493 de notre ère (dates calibrées). Mis au jour en 2015, consécutivement à une fouille de sauvegarde avant la construction du nouveau musée national d’Archéologie, leur étude s’inscrit dans le projet collaboratif et interdisciplinaire Mummies as Microscosms (MaM). L'étude archéoentomologique et paléoparasitologique de ce corpus bioarchéologique, d'une importance sans précédent est à même de fournir des données inédites pour ce projet en apportant des éléments de réponses au regard des trois axes de réflexion relatifs à l’archéoentomologie funéraire, la tomodensitométrie et la conservation. Cette étude nous a permis d’affiner une chronologie des gestes funéraires avant inhumation en mettant en lumière des scénarii pour chaque fardo, adaptés à la fois, à la nature des fragments archéoentomologiques collectés et au contexte environnemental. Plus de 2600 vestiges d’insectes nécrophages, nécrophiles, omnivores, kératophages, opportunistes, ou encore exogènes (ou détritiphages) et de parasites (poux de tête) ont été collectés. Ce travail met parfaitement en lumière un dilemme insoluble. À la fois la préservation incroyable du matériel permet une étude de grande précision et à la fois, la nécessité de préservation de l’intégrité des fardos, empêchant toute ouverture, réduit l’analyse archéoentomologique approfondie. Le deuxième axe de recherche concernant la mise en place novatrice d'un protocole d'étude par tomodensitométrie et endoscopie, menée sur plusieurs paquets de ce corpus a permis la visualisation de vestiges d’insectes à l’intérieur des fardos. Enfin, le troisième et dernier axe de recherche orienté vers la conservation des restes humains organiques a induit un examen systématique des paquets afin d'évaluer s’ils ont pu être impactés par des attaques récentes d'espèces muséophages pouvant, à terme, causer des dégâts irréversibles.Un travail archéoentomologique d’une telle envergure, tant au travers de prélèvements in situ que par les prismes de la tomodensitométrie et de la conservation, n’avait jamais été entrepris.

Insects are powerful sources of information. The application of forensic entomology in an archaeological context, referred to as "funerary archaeoentomology", appears to be a relevant method for enriching investigations into the treatment of the dead, taphonomic events, and, by extension, the funerary practices of past societies. Recent research in this particular field of bioarchaeology highlights the value of studying invertebrate necrofauna as applied to archaeothanatology, since insects are veritable "biological clocks", making it possible to establish chronograms relating to funerary practices at very distinct interpretative levels, such as the duration of exposure of bodies prior to burial, anthropogenic and/or natural mummification processes, seasonality of death, etc. While the entomofauna associated with ancient Egyptian human and animal mummies is now relatively well documented, few archaeoentomological studies have been devoted to pre-Hispanic mummies, despite their high prevalence in most museums worldwide. South American mummies are the oldest in the world, with those of the Chinchorros dating back to almost 5000 BC. The preservation of mummified remains is excellent, and the funerary packages that wrap the deceased are a reflection of the world of the living through the world of the dead. Ancient Peru alone illustrates every ecological stage and environmental milieu. Certain arid regions, such as the coast, are particularly favorable for the preservation of insects and organic matter. Their chitin-rich exoskeleton and Peru's arid climate are certainly the two main factors behind their exceptional preservation. We studied a corpus of 48 funerary bundles from the Pachacamac site (central coast). These bundles, or fardos, from the Ychma culture are dated between 1295 and 1493 CE (calibrated dates). Unearthed in 2015, following a safeguard excavation before the new National Museum of Archaeology construction, their study is part of the collaborative, interdisciplinary Mummies as Microscosms (MaM) project. The archaeoentomological and paleoparasitological study of this bioarchaeological corpus, of unprecedented importance, can provide unprecedented data for this project, providing answers to the three main questions relating to funerary archaeoentomology, CT scanning, and conservation. This study has enabled us to refine a chronology of funerary practices before burial, highlighting scenarios for each fardo, adapted to the nature of the archaeoentomological fragments collected and the environmental context. Over 2,600 remains of necrophagous, necrophilous, omnivorous, keratophagous, opportunistic, or exogenous (or detritiphagous) insects and parasites (head lice) were collected. This work perfectly highlights an insoluble dilemma. At the same time, the need to preserve the integrity of the fardos, preventing them from being opened, limits in-depth archaeoentomological analysis. The second line of research, involving the innovative implementation of a CT and endoscopy study protocol, carried out on several bundles from this corpus, enabled the visualization of insect remains inside the fardos. Finally, the third and last line of research focused on the conservation of organic human remains, leading to a systematic examination of the bundles to assess whether they may have been impacted by recent attacks by museophagous species that could, in time, cause irreversible damage.Archaeoentomological work on this scale, both through in situ sampling and through the prism of CT scanning and conservation, had never been undertaken before.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Exporter en