Si en Bretagne, le fait linguistique essentiel relève d’une situation diglossique aggravée par la tentation glottophage du français, aujourd’hui une majorité de Bretons ont totalement perdu l’usage de leur langue d’origine. Dès lors, la plupart des écrivains connaissent la situation décrite par Jacques Derrida dans Le Monolinguisme de l’autre (1996) : « Je n’ai qu’une langue et ce n’est pas la mienne ». C’est à la lumière de ce paradoxe théorique qu’est ici envisagée la littérature bretonne de langue française dans ses fonctionnements textuels qui s’apparentent à des conduites de deuil. En effet, le retour, au sein du français, de la langue perdue, sur le mode hallucinatoire du fragment-relique et de l’hybride narratif (Keineg, Grall, Elléouët) ou sur le mode aphasique du palimpseste (Segalen, Robin, Guillevic), caractérise une littérature dont le monolinguisme apparent révèle le dynamisme d’une bilangue.
If diglossia characterizes the linguistic situation of Brittany nowadays, the ‘glottophagous’ temptation of French tends to make things worse : a vast majority of Bretons no longer speak their native language today. Therefore, most writers experience the situation described by Jacques Derrida in Le Monolinguisme de l’autre : “I have only one language, and it is not my own language”. It is in the light of this apparent paradox that Breton literature in French is here considered : as far as fonction is concerned, the text can be seen as a form of mourning. Indeed, be it on the hallucinatory mode of the relic and of the narrative hybrid (Keineg, Grall, Elléouët), or on the aphasie mode of the palimpsest (Segalen, Robin, Guillevic), the re-appearance, in the French text itself, of the lost language characterizes a literary genre whose surface monolingualism reveals the dynamics of a bilanguage.
En Bretaña (de lengua céltica, el ‘breton’) la situación es la de una diglossia muy tensa i ahora una mayoría ha perdido totalmente el breton. Desde entonces se puede ver que muchos escritors de la comarca experimentan un sentimiento muy bien formulado por Jacques Derrida ( Le monolinguisme de l’autre, 1996) : « No tengo más que una lengua, y no es la mía ». Por eso, en la literatura de Bretaña de lengua francesa podemos observar funcionamientos que traducen el duelo de la lengua muerta.En efecto, la lengua perdida manifesta su presencia en el francés, sobre el modo de la alucinación (Keineg, Grall, Elléouët) o igualmente el modo afásico (Segalen, Robin, Guillevic). De tal manera que detrás de una expresión monolingüe aparece la dinámica de una ‘bi-lengua’.