26 septembre 2014
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Frédéric Lelong, « Descartes et la question de la civilité : la philosophie de l'honnête homme », HAL-SHS : philosophie, ID : 10670/1.rxuxlw
Ce travail porte sur la relation entre la philosophie de Descartes et la thématique humaniste de la civilité et de l’honnêteté. Une première étape de la thèse consiste en une réévaluation philosophique du concept de civilité à partir de son histoire antique et humaniste. Cette réévaluation repose sur deux axes principaux : mettre au jour les fondations métaphysiques de cette notion et le mouvement d’une intériorisation des normes civiles dans la conception de l’âme vertueuse. Il s’agit ensuite de comprendre la présence dans la pensée cartésienne de valeurs qui ne coïcident pas avec la conception habituelle de la justification rationnelle, comme la douceur, le naturel, la grâce et la convenance, et qui renvoient à la thématique de la civilité. La civilité est une perfection qui évite deux extrêmes, la barbarie et la sauvagerie, c’est-à-dire la violence excessive de la norme, et la violence d’une nature brute laissée à elle-même. Ce travail montre que la conception cartésienne de la rationalité et de la vertu morale tend également à éviter ces deux excès. D’autre part, en rattachant la philosophie de Descartes à la question de la civilité, il s’agit aussi de contester la conception solipsiste du sujet cartésien et de réhabiliter la dimension de l’extériorité dans l’appréhension de la subjectivité. La figure cartésienne du sujet moderne prend dès lors une dimension humaine et sociale au lieu de renvoyer à une dangereuse hybris de l’ego, tandis que la raison cartésienne est pensée comme civile et ouverte, non pas autoritaire ou répressive. Pour étayer cette thèse, ce travail aborde certaines tonalités éthiques du discours cartésien qui ne correspondent pas nécessairement à l’expression d’une thèse explicite mais qui éclairent la richesse et la complexité du texte.