20 décembre 2018
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Mohamadou Guidado, « « Saré » et urbanisme : Traditions et pratiques architecturales peul à l’épreuve de la modernité. Le cas de Ngaoundéré (Cameroun) », HAL-SHS : géographie, ID : 10670/1.rysd2h
Cette thèse pose le problème de l’absence de prise en compte des marqueurs socioculturels et identitaires caractéristiques de l’originalité de la ville soudano-sahélienne, dans les politiques de planification et d’aménagement urbains. Face à l’influence croissante de la modernité sur les traditions et les pratiques morpho-architecturales, ce manquement est en soi, porteur du germe d’érosion, voire de disparition des éléments de patrimonialisation. L’objectif de cette recherche était donc de montrer que l’accompagnement de la dynamique urbaine par des actions institutionnelles concertées qui tiennent compte de toutes les réalités locales (environnementales, sociales, culturelles, économiques, politiques, historiques), est porteur d’enjeux de développement urbain durable et de préservation du capital culturel et identitaire régional. Pour y parvenir, nous avons adopté une méthodologie qui a privilégié les observations approfondies de la réalité urbaine de Ngaoundéré retenue pour l’étude de cas du problème posé. Ces observations basées sur des expériences personnelles dans notre triple posture de citoyen de longue date de la ville, d’acteur de la planification et de la gestion urbaine, de chercheur, ont justifié le choix de la méthode hypothético-déductive, pour tenter de saisir la réalité de l’objet à l’échelle de toute la zone soudano-sahélienne du Cameroun. Les enquêtes menées ont permis de toucher un millier de chefs de ménages retenus sur la base de plusieurs critères sociologiques, géographiques et économiques, ainsi que l’ensemble des acteurs au cœur du processus de planification et de gestion urbaine (exécutifs communaux, administrations techniques déconcentrées, société civile…). La prise en compte de ces deux catégories d’acteurs a permis de réaliser deux diagnostics (communautaire et institutionnel), lesquels ont fourni une importante base de données permettant de saisir la réalité étudiée. L’analyse spatiale a complété ces diagnostics et permis d’apprécier la dynamique de la composition urbaine. Deux principaux résultats sont mis en évidence. Le premier corrobore le constat des changements morpho-architecturaux qui s’accompagnent d’une désorganisation du tissu urbain ancien. Le deuxième rend compte de l’accélération de l’érosion, mieux, de la disparition des marqueurs socioculturels et identitaires reconnus à la ville soudano-sahélienne. Ainsi, les traditions et les pratiques morpho-architecturales peul font face à l’épreuve de la modernité et invitent à une redéfinition de la politique urbaine susceptible de prendre en compte les enjeux de préservation de ces acquis anciens. En réponse à cette interpellation, l’originalité de cette thèse réside dans la proposition des pistes d’amélioration de l’aménagement de l’espace urbain à travers deux ensembles de projets qui intègrent toutes les échelles spatiales du milieu urbain (le périmètre de la ville, le quartier dont l’îlot constitue l’unité opérationnelle et le saré). L’opérationnalisation de cette proposition impliquerait pour les pouvoirs publics de mettre en place un cadre de participation populaire à l’aménagement urbain par le biais de l’auto construction assistée, impliquant l’ensemble des acteurs du processus.