2023
Cairn
Emmanuel Decaux, « La contribution du Comité des droits de l’homme au développement de recours effectifs protégeant les libertés », Civitas Europa, ID : 10670/1.rzkhoc
Le Comité des droits de l’homme a développé une jurisprudence importante pour préciser non seulement les conditions formelles mais surtout les critères substantiels d’une effectivité de l’accès à la justice dans le cadre interne, à la lumière des dispositions du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Sur la base de ses « constatations », il a élaboré des observations générales mettant l’accent sur l’importance d’une enquête effective, de l’accès à un juge indépendant et sur la réparation effective. Pour autant les obligations qui pèsent sur les États parties au titre du Protocole additionnel visant les communications individuelles restent fondées sur la coopération et la bonne foi, dans le cadre d’un dialogue constructif, les « constations » du Comité n’étant pas pourvues de l’autorité de la chose jugée. C’est la qualité du raisonnement juridique dans l’interprétation du Pacte qui fait le poids de la « jurisprudence » du Comité, pour reprendre le terme utilisé par la CIJ dans son arrêt Diallo. De son côté, le Comité qui reste un organe quasi-juridictionnel, tend à renforcer l’efficacité de ses propres procédures, même si le retard mis à traiter les plaintes met en cause l’effectivité des recours internationaux et la garantie des droits des victimes. Cette crise de plus en plus préoccupante n’est pas imputable au Comité mais à l’incapacité du Secrétaire général à assumer les obligations que lui confie l’article 36 du Pacte. Un greffe rattaché au bureau des affaires juridiques serait une solution pour éviter de faire du fonctionnement des organes des traités une variable d’ajustement dans les priorités du Haut-Commissariat pour les droits de l’homme. De même des aménagements concrets pourraient permettre un meilleur respect du principe du contradictoire, avec la possibilité d’une procédure orale et l’intervention d’ amicus curiae, et surtout une meilleure motivation et une plus grande transparence du processus de décision seraient utiles, tout comme une procédure d’appel ou de révision, en coordination le cas échéant, avec les autres organes de traités. Sur le fond, un impératif de cohérence devrait s’imposer pour participer pleinement au « dialogue des juges » avec les juridictions nationales comme les cours régionales, dans un esprit de subsidiarité.