2017
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Isabelle Draelants, « Magica vero sub philosophia non continetur : Statut des arts magiques et divinatoires dans les encyclopédies et leurs auctoritates (1225-1260) », HAL-SHS : histoire, philosophie et sociologie des sciences et des techniques, ID : 10670/1.rzmewq
Les différents arts divinatoires, ou plus spécifiquement les arts magiques, faisaient-ils partie de la culture savante que les encyclopédistes du 2e tiers du XIIIe s. ont voulu diffuser à travers leurs compilations ? En particulier, qu’en disent les Specula doctrinale et naturale de Vincent de Beauvais, qui constituent les deux tiers de la plus grande encyclopédie de l'époque ? Quelques années avant la diffusion du Speculum astronomiae (c. 1255) qui répertorie toutes les œuvres astrologiques comme licites ou illicites, ces arts, bien que peu répandus, sont encore représentatifs de la culture, pour trois raisons. D’abord, les encyclopédies ont pour objectif la transmission sous forme de citations (extraits, flores) de tout type d'ouvrages de référence utiles, qu'ils soient anciens ou modernes, écrits en latin ou traduits du grec ou de l'arabe, théologiques ou philosophiques. Ensuite, le Speculum maius perpétue (à travers Hugues de Chartres, le Decretum Gratiani ou Hugues et Richard de St-Victor, ou des législateurs contemporains comme Raymond de Peñaforte), les jugements de droit canon concernant d'anciennes pratiques divinatoires condamnées. Enfin, visant à expliquer la nature et les propriétés des choses, le Speculum naturale transmet aussi le concept de “nigromancia” comme une “science des propriétés [naturelles]”, selon des savants influencés par la médecine arabe (comme Petrus Alfonsi ou Michael Scot). Ce faisant, ces savants ont ouvert la voie à la considération d'œuvres qui rassemblent des propriétés "naturelles" – telles que les collections d'experimenta ou les vertus astrologico-magiques des pierres – en tant qu'œuvres de philosophie naturelle et en tant que telles, comme dotées d’un certain degré d'autorité.