10 décembre 2021
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Anne-Claire Soussan, « Toisons d'or, de pourpre et de sang : manteaux, parures et dépouilles dans la quête argonautique », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.s0561t
Le splendide manteau de pourpre revêtu par Jason avant sa rencontre avec Hypsipyle, dans les Argonautiques d’Apollonios de Rhodes, a fait l’objet de nombreux commentaires : pour son ekphrasis, rappelant celle du bouclier d’Achille ; pour sa polysémie symbolique, montrant Jason en séducteur anti-héroïque ou en conquérant habile, modèle du souverain hellénistique. Or ce vêtement s’inscrit dans un système plus vaste : les parures de Jason et des Argonautes, de Médée et d’Apsyrtos, jalonnent le voyage et jouent un rôle direct dans la conquête. (La Toison d’or constitue l’habit le plus paradoxal, brut et luxueux, laineux et métallique, sacré et mortifère. Deux manteaux de pourpre encadrent sa conquête, à l’entrée et à la sortie de l’espace des confins : l’un séduit Hypsipyle, dans une scène annonçant les triomphes futurs ; l’autre piège Apsyrtos, dans un meurtre rituel inversant les composantes sacrées de la Toison.) Ces parures fixent la place du héros parmi ses proches et face à ses rivaux, accompagnent sa progression vers l’âge adulte, permettent son succès et annoncent sa chute.