2009
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Mémoires du livre ; vol. 1 no. 1 (2009)
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Joanie Corbin, « La représentation de l’adolescente dans une collection de romans à grande diffusion », Mémoires du livre / Studies in Book Culture, ID : 10670/1.s0gbzk
« Ça parle d’amour et c’est lu par des femmes (qui plus est du peuple), ce ne peut qu’être débile », affirme Bruno Péquignot, au sujet du roman d’amour, dans La relation amoureuse. Analyse sociologique du roman sentimental moderne. Les propos ironiques du chercheur permettent d’interroger les rapports entre la littérature et l’idéologie et de réviser le statut social réservé à la littérature féminine. Critiqué pour sa reprise inlassable de motifs stéréotypés, son caractère prévisible et son respect de la convention romanesque, le roman d’amour pour adolescentes, à l’instar du roman d’amour destiné aux femmes adultes, n’échappe pas aux remarques faites à l’endroit de la littérature féminine.L’exemple de la collection « Coeur-à-coeur », collection de romans d’amour destinée aux adolescentes parue aux Éditions Héritage de 1982 à 1998, démontre bien qu’en dépit d’une production massive, la pérennité d’une collection n’est jamais assurée. Une étude de dix romans « Coeur-à-coeur » permettra de voir en quoi la collection construit des réseaux de signification sexués et propose une vision spécifique de la féminité. En nous attachant à la représentation de l’adolescente, nous verrons comment ces romans suggèrent sinon imposent une définition culturelle de la jeune fille et brisent, par le processus réflexif qu’ils initient, l’illusion référentielle, pour reprendre la terminologie de Daniel Couégnas. Le déclin de la collection en aurait résulté, la lectrice cherchant dans les romans le rêve et l’évasion plutôt que la transposition de ses préoccupations.