Honte et haine chez l’adolescente obèse

Résumé Fr En

Cet article propose d’aborder l’étiologie de l’obésité chez l’adolescente. La souffrance psychique qui en découle malgré l’amaigrissement. Chez le bébé, le regard maternel défini comme négatif et insécure induira au sein des relations précoces une carence d’étayage narcissique. Les effets de ce défaut fondamental d’étayage transparaîtront alors à l’adolescence par une altération de la perception de soi, tant au niveau du corps que du psychisme. Les deux narcissismes primaire et secondaire du sujet obèse resurgiront sur l’image inconsciente de son corps – image correspondant à son état somatique et son vécu intersubjectif –, produisant une image négative de lui-même. Nous montrerons, à l’aide d’un cas clinique paradigmatique, la manière dont « l’image du moi-corps » est troublée chez certaines adolescentes qui, malgré la perte de poids, continuent à se percevoir comme obèses et à entretenir la honte de soi et de leur corps.

This paper addresses the etiology of obesity in adolescent girls, as well as the resulting mental suffering despite weight loss, from the perspective of a dysfunction in their primary intersubjective relationships. For the baby, a negative and insecure gaze from the mother will induce, during early relationships, a lack of narcissistic anaclisis. The effect of this fundamental lack of anaclisis will be reflected during adolescence, both in the body and the psyche, as an alteration of self-perception. In the obese subject, both primary and secondary narcissisms emerge again into the unconscious perception of the body. This perception corresponds to their somatic state and intersubjective experiences, producing a negative self-image. We will therefore demonstrate, using a paradigmatic clinical case, how the body-ego image is troubled in some adolescent girls who, despite weight loss, still perceive themselves as obese and are ashamed of themselves and their body.