2020
Cairn
Aurélie Huz, « Les sons de la science-fiction dans La Planète sauvage de René Laloux (1973) », Sociétés & Représentations, ID : 10670/1.s2azls
Puisant aux explorations des musiques électroniques et avant-gardistes de son temps (rock psychédélique, jazz-funk, musique concrète et électroacoustique), la bande originale composée par Alain Goraguer pour le long métrage d’animation français La Planète sauvage de René Laloux (1973) contribue, autant que les images surréalistes de Roland Topor, à construire l’étrangeté d’un monde de science-fiction. À l’heure de la popularisation du synthétiseur, la musique du film fusionne avec les « paysages sonores et effets spéciaux » du sound design : en résulte une poétique sonore éclectique et syncrétique où les contaminations réciproques entre ces deux niveaux sonores (musique extradiégétique, bruits intradiégétiques) concrétisent le monde alien en décalant nos anticipations cognitives fondées sur le son et l’image. Cette défamiliarisation généralisée situe le film de Laloux dans une filiation contre-culturelle et expérimentale des sons de la science-fiction, distincte de la familiarisation sonore hyperréaliste vers laquelle se tourne, presque au même moment, un cinéma hollywoodien de science-fiction en plein renouveau.