8 novembre 2022
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Julien Achemchame, « The X-Files : aux frontières du fantastique », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10.4000/tvseries.6688
Cet article se propose d’analyser la série X-Files (Fox, 1993-2002 / 2016-2018), série feuilletonnante majeure des années 1990, généralement associée au genre de la science-fiction, à partir de la notion de fantastique. En nous appuyant sur quelques éléments de définitions canoniques de ce genre, notamment en littérature (R. Caillois, T. Todorov, D. Mellier), nous voulons mettre en lumière le système narratif et esthétique original que met en place la série, notamment à travers l’analyse du pilote. Il s’agit dès lors de voir comment le récit, s’ancrant dans le registre réaliste, et alternant les points de vue des deux protagonistes, Mulder, le profiler, croyant au « surnaturel », et Scully, « la scientifique », tenante d’une pensée rationnelle, permet l’apparition du genre fantastique et laisse les téléspectateur.trice.s face à l’indécidable d’un monde vacillant où règne le questionnement permanent. Nous souhaitons également montrer comment l’image, à travers ses paramètres audiovisuels, que ce soient par le cadrage, le montage, l’utilisation de la profondeur de champ, mais également par une ambiguïté de certains signes au sein des images, développe une friction entre volonté d’un cadre réaliste nécessaire et trouble surnaturel venant y faire « effraction » afin de proposer au public une lecture fondamentalement ambiguë du monde fictionnel de nature proprement fantastique et questionnant le réel même. Enfin, nous souhaitons voir comment ce mo(n)de fantastique, grâce à son indécidabilité caractéristique et son hybridité générique, devient l’articulation nécessaire à la série, alternant épisodes isolés et épisodes liés à la mythologie extra-terrestre, et permet, grâce à l’hésitation et aux récits souvent incomplets, la relance permanente d’un désir de fictions du public.