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Marie-Claude Simeone-Senelle, « De la construction génitivale au nom composé en afar », HAL-SHS : linguistique, ID : 10670/1.s5pqyy
L’article traite des noms composés basés exclusivement sur des constituants nominaux, une création lexicale très productive en afar. On y souligne a) la similitude entre la formation de ces noms composés et la construction génitivale, les deux partageant des processus phonétiques, morphologiques et syntaxiques communs ; et b) la frontière ténue entre la syntaxe et le lexique. Après une brève introduction sur la typologie de cette langue, nous montrerons que : 1) la construction génitive met en relation, dans un syntagme nominal, deux noms en rapport de dépendance déterminative : le déterminant (dt) suivi du déterminé (dé). Le déterminant est marqué comme dépendant (par un marqueur casuel (génitif) ou un joncteur-clitique (jnct) /=h/, le déterminé, lui, est marqué selon sa fonction dans la phrase. Chaque nom a son accent. Au niveau sémantique, chaque élément garde son propre sens, le syntagme établit une relation d’appartenance ou de possession entre les deux noms. 2) Par un processus de figement, la même construction syntaxique peut aboutir à un nom composé. Le marqueur génitif n’a alors aucune valeur syntaxique ou sémantique. Chaque composant perd son autonomie syntaxique et lexicale. La nouvelle unité lexicale a un seul accent, présente les mêmes caractéristiques morphosyntaxiques qu’un simple nom et possède un sens qui lui est propre. À la fin du processus de lexicalisation, la relation sémantique entre les deux éléments devient floue (cf. baddikimbiro « raie » vs baddi kimbiro « oiseau de mer »), voire insaisissable lorsque le sémantisme est basé sur un usage métaphorique dépendant du contexte culturel (cf. baadoccutukta « hérisson », litt. terre-étoile).