2020
Cairn
Gilles Trystram et al., « Systèmes alimentaires et relations aux ressources agricoles : déterminants, impacts et valeurs », Annales des Mines - Réalités industrielles, ID : 10670/1.s6qwlk
Un système alimentaire représente la manière dont les hommes et les sociétés s’organisent pour produire et consommer leur alimentation. La trajectoire d’évolution des systèmes alimentaires distingue une cohabitation entre un système agro-industriel en voie de globalisation proposant des denrées alimentaires standardisées et des systèmes alimentaires alternatifs ‒ revendiquant l’utilisation des circuits courts, des pratiques socialement inclusives ‒, respectueux de l’environnement et des ressources. Si les innovations scientifiques, technologiques et organisationnelles qui ont agi sur la trajectoire du système agro-industriel dominant ont encouragé le développement d’une offre diversifiée et retardée, à bas prix et offrant une sécurité sanitaire irréprochable, leurs impacts sur la santé, l’environnement et les ressources sont multiples et préoccupants. En effet, l’alimentation est responsable de 30 % des émissions de gaz à effet de serre et son impact carbone est de 23 %. Son impact eau est lui aussi de 23 % et est de 9 % en matière d’énergie. En outre, 25 à 30 % des aliments transformés sont gaspillés, et les aliments ultra transformés à forte densité énergétique sont responsables de nombreux problèmes de santé. De plus, l’éloignement des bassins de production des lieux de transformation et de consommation a modifié le rapport de l’alimentation à ses déterminants : les ressources nécessaires à sa production, ses fonctions et les attributs de sa valeur, ainsi que l’accès physique et économique aux denrées alimentaires. Confrontés aux impacts de leurs activités, les systèmes alimentaires s’orientent aujourd’hui vers l’élaboration d’une offre qui protège la santé et la biodiversité, qui soit acceptable culturellement et accessible, et qui optimise l’usage des ressources. Si l’industrie a fait des progrès considérables en termes d’économie d’eau, d’énergie, de réduction des pertes des ressources, une large part de la durabilité se construit en dehors de la seule valorisation à finalité alimentaire. Aujourd’hui, ce sont les voies de la bioéconomie visant la valorisation des coproduits de la production de ressources qui probablement installent la durabilité à l’échelle écosystémique, en proposant à l’industrie agroalimentaire des valorisations énergétiques, en termes de matériaux, de molécules ou de synthons, concurrentes des voies habituelles issues du carbone fossile.