26 mai 2010
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Sophie Hohmann, « La médecine moderne au Turkestan russe : un outil au service de la politique coloniale », Cahiers d’Asie centrale, ID : 10670/1.s6sr81
Le rattachement de l’Asie centrale à l’Empire russe au moment de la colonisation a eu d’importantes conséquences sur les pratiques médicales et leur rôle. Durant le XIXe siècle, le pluralisme médical a laissé place à une rationalité unique et une conviction de plus en plus forte en une supériorité de la médecine occidentale et des sciences connexes (bactériologie, virologie, etc.). En dépit de la mission humaniste et civilisatrice dont ils se prévalaient, les administrateurs russes ont très vite procédé à la séparation des habitats entre colonisés et colonisateurs. Cette ségrégation spatiale était essentiellement motivée par la peur de la contagion dans un contexte sanitaire difficile et au sein d’une population musulmane qui avait ses propres représentations de la maladie. Dans les logiques coloniales de l’époque, le renforcement de l’intervention de l’État, concomitante aux découvertes faites par Pasteur à la fin du XIXe siècle puis au développement de nouvelles disciplines (médecine tropicale), s’est manifesté comme un élément clé de l’entrée dans une phase nouvelle de gestion de la maladie et des rapports entre administrés et administrateurs. Cet article cherche à éclairer le processus de colonisation russe au Turkestan en le comparant à d’autres expériences coloniales dans le monde.