12 juin 2024
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Morgane Querel, « intégration des enjeux économique et technique du transport maritime dans les réglementations de l'organisation maritime internationale (OMI) », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.s703lv
L'Organisation Maritime Internationale (OMI) est l’organisation internationale compétente pour réglementer le transport maritime. De plus, dans le cadre du Protocole de Kyoto, elle a été spécifiquement mandatée pour assurer la lutte contre les émissions de Gaz à effet de serre (GES) qu’il génère. Dans ce cadre, l'Organisation a adopté en 2018, puis révisé en 2023, la Stratégie concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre, ainsi que plusieurs mesures visant à inciter les navires à réduire leur émission de GES. Elles se retrouvent dans l’Annexe VI de la Convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires (MARPOL).Cependant, c’est un secteur complexe à décarboner. L’étude de ces mesures permet de comprendre tous les enjeux à intégrer pour s’assurer d’une décarbonation tout en préservant le secteur. Les deux enjeux principaux sont l’enjeu économique et l’enjeu technique.L’enjeu économique est visible par l’importance du transport maritime pour le commerce mondial. De plus, cet enjeu économique est visible par le coût des technologies pour assurer la décarbonation du navire. L’OMI a intégré cet enjeu dans sa Stratégie. Tout d’abord, elle a imposé une évaluation de l’impact des mesures sur les États et une utilisation des revenus générés par toute mesure de l’OMI pour limiter cet impact et soutenir les États en difficulté. Ensuite, l’OMI a intégré cet enjeu en prévoyant un calendrier progressif pour le renforcement de l’intensité des mesures, élaboré lors de leur adoption. Cela concerne toutes les mesures à court-terme (EEDI, EEXI, SEEMP et CII) ainsi que les mesures à moyen-terme en discussion.L’enjeu technique est visible par deux éléments. Le premier est l’existence de mesures d’efficacité énergétique non mise en œuvre sur les navires. Le second est les difficultés d’identification d’un carburant alternatif aux caractéristiques suffisantes pour satisfaire le monde maritime. De ces deux éléments ressort une autre problématique technique, celle du déplacement de pollution. De nouveau, l’OMI a travaillé pour intégrer cet enjeu via les mesures qu’elle a adopté. Le premier élément a été intégré grâce à des mesures pour inciter à la mise en œuvre de mesures techniques ou opérationnelles en faveur de l’efficacité énergétique du navire. De plus, elle a pris en compte les difficultés techniques et d’investissement grâce à un calendrier progressif d’application des mesures et grâce à une sanction légère en cas d’impossibilité pour un acteur de respecter les seuils imposés (CII). Pour la question du « Chicken & Egg », c’est le paquet de mesures à moyen terme, composé d’une MBM et d’une limite d’intensité de GES pour les carburants, qui va permettre d’y répondre. Ce paquet de mesure, appliqué conjointement avec les Lignes Directrices sur le cycle de vie des carburants, doit aussi permettre de résoudre la problématique du déplacement de pollution.Dans tous les cas, ces enjeux sont à mettre en lumière avec les enjeux économiques et sociaux du changement climatique. Face à ces derniers, rien ne peut justifier l’inaction et l’absence de mesures pour la décarbonation du transport maritime.