17 décembre 2019
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Camille Mestdagh, « La dynastie Beurdeley (1818-1895) : entre boutique et atelier. Une histoire du commerce des curiosités et de la création d’objets d’art au XIXe siècle », Theses.fr, ID : 10670/1.s7v1m6
Les Beurdeley forment une dynastie parisienne en activité de 1818 à 1895, qui s’est consacrée au commerce d’objets anciens désignés comme « curiosités » et à la création d’un atelier de fabrication de meubles et de bronzes dorés. Leur histoire constitue un témoignage sur la valorisation, la conception, la consommation et la circulation des objets d’art, anciens et modernes, tout au long du XIXe siècle. La double occupation de marchand et de fabricant est originale et dévoile les corrélations entre le développement du commerce, l’accroissement des valeurs dévolues aux objets d’ameublement anciens suite à l’intense circulation de marchandises enclenchée à la Révolution, et une œuvre moderne qui s’appuie sur un réseau de références ornementales, empruntant aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le marché des curiosités se construit autour des marchands qui échafaudent une connaissance, notamment par le biais des catalogues et des ventes aux enchères en plein essor. Le relai est ensuite assuré par les collections muséales en formation qui encouragent cette valorisation. Nombreux sont les marchands qui associent marchandises anciennes et modernes mais le cas des Beurdeley permet d’analyser directement le transfert de la connaissance de la boutique à l’atelier et l’étendue des influences et des pratiques qui font le lien entre le commerce et l’œuvre, entre l’ancien et le neuf. L’étude de l’atelier révèle la continuation d’une organisation établie au temps des corporations, avant d’entrer dans l’ère des grandes entreprises. Elle reflète la transition entre l’appropriation des héritages de l’ancien régime et la mise en place d’un fonctionnement représentatif des aspirations contemporaines où les arts décoratifs forment un pilier de l’industrie du luxe dont l’influence internationale est grandissante, notamment grâce aux expositions universelles. Installés au cœur du marché parisien, ils ont bénéficié d’une haute réputation et par la nature de leur commerce comme par leur œuvre ils ont participé à l’affirmation d’un style français international. Un style fondé sur une appropriation du XVIIIe siècle diffusé par les élites cosmopolites dès le Second Empire et au-delà de la Belle Epoque.