Le Nord mythique de la Normandie : des Normands aux Vikings de la fin du xviiie siècle jusqu'à la Grande Guerre

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Du xviiie siècle jusqu’à la fin du xixe siècle, les Vikings constituent un des éléments les plus importants de la construction d’une identité régionale normande. Le mythe des invasions normandes, forgé au Moyen Âge, est l’objet de réinterprétations multiples après que Montesquieu, dans l’Esprit des Lois, en eut renversé le sens ; elles conduisent érudits et historiens à mesurer les apports normands à la civilisation française, inspirant en particulier Augustin Thierry pour sa théorie du combat des races comme moteur de l’histoire, ainsi qu’à relever les traces du passé scandinave, volontiers assimilé au passé celtique, dans les traditions populaires régionales. C’est seulement dans les années 1880 que les érudits et les scientifiques comme les autorités s’emparent du mythe et s’emploient par des fêtes dont la plus importante est celle du millénaire en 1911, à en faire un des instruments de la régénération nationale permettant de surmonter la défaite de 1870.

Normandy’s Mythical North : from the Normans to the Vikings from the end of the xviiith century until the Great WarFrom the xviiith century to the end of the xixth century, the Vikings constitute one of the most important elements in the construction of a Norman regional identity. The myth of the Norman invasions, created in the Middle-Ages, is submitted to multiple re-interpretations once Montesquieu, in his Esprit des Lois, upturned their meaning ; they prompt scholars and historians to assess the Norman contribution to French civilization — providing in particular Augustin Thierry with a source of inspiration for his theory of the struggle of the races as history’s driving force — and to track the remnants of the Scandinavian past, readily assimilated to the Celtic past, in the regional popular traditions. It is only in the years 1880 that the scholars and scientists as well as the authorities will get hold of the myth and will drive, through festivals, the most important of which being the millennium’s feast in 1911, at turning it into one of the instruments of the nation’s regeneration, in its effort to overcome the defeat of 1870.