Les « Églises de maison » chinoises : la construction de familles religieuses

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2016

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Pierre Vendassi, « Les « Églises de maison » chinoises : la construction de familles religieuses », Sociologie, ID : 10670/1.s8e7rl


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Cet article interroge la dimension familiale de la pratique religieuse à partir d’une enquête conduite au sein d’Églises chrétiennes de Chine entre 2009 et 2014. L’enquête visait à étudier les processus de conversion au sein de ces Églises à partir d’un matériau constitué de 69 entretiens semi‑directifs et de nombreuses sessions d’observation de la vie religieuse en leur sein. L’enquête révèle la centralité de la référence à la famille, dans les discours autant que dans les pratiques des acteurs interrogés et observés. Une telle référence n’est pas une nouveauté, mais mérite néanmoins d’être analysée en profondeur. L’analyse ici conduite met au jour un processus progressif de constitution d’une « famille religieuse », particulièrement visible dans les « Églises de maison ». Cette construction se fait à trois niveaux : les Églises fonctionnent comme des organisations claniques de substitution ; elles proposent des espaces de reproduction symbolique d’un ordre familial conservateur et idéalisé ; elles fournissent aussi des cadres interactionnels pour reproduire des structures familiales conformes aux modèles religieux. Ces résultats mettent en lumière le fait que, tandis que les conceptions et pratiques de la parenté, de l’alliance, de la sexualité et du genre s’émancipent progressivement des modèles religieux traditionnels au sein des sociétés sécularisées et marquées par la sortie de la religion, certains individus au sein de ces mêmes sociétés, qui plus est des « convertis » socialisés dans un contexte sécularisé, travaillent à reconstruire leurs relations sociales et familiales sur un fondement sacral religieusement ancré, réinscrivant leurs carrières sociales dans un cadre normatif et communautaire de nature religieuse.

This paper addresses the familial dimension of religious practice based on investigations conducted among Chinese Christian churches between 2009 and 2014. 69 semi‑structured interviews combined with several observation sessions of religious life within these churches show a recurring reference to family, both in discourses and in practices. Such a reference to family within a religious context, though neither original nor specific to the Chinese Christian context, calls for attention, as a thorough analysis reveals a three‑level process of constructing “religious families” at work in these churches, especially in the “house churches.” At a first level, churches are operating as surrogate clan organizations. At a second level, they provide their members with symbolic patterns of an idealized and conservative family order. At a third level, they offer their members a frame within which they may reproduce for themselves the corresponding family patterns. In a context of secularization and “exit from religion,” where representations related to kinship, affinity, sexuality and gender gradually become emancipated from religious norms, the results of our investigations show that some individuals, especially religious converts initially socialized in a secularized context, tend to reconstruct their social relationships on a religious foundation, reintegrating their social career within a religious community.

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