2006
Cairn
Christophe Solioz, « Bosnie-et-Herzégovine 2005-2006 : Transition sur le fil du rasoir », Le Courrier des pays de l'Est, ID : 10670/1.s9rzpa
Fragile et considérée comme intenable à terme, l’architecture institutionnelle de l’Etat bosnien, dont les deux entités (Fédération croato-musulmane et Republika Srpska) ont encore bien du mal à coopérer, ne laisse pas d’inquiéter experts étrangers et nationaux et d’alimenter un débat récurrent sur les bienfaits, autant que les méfaits de l’ingérence internationale, concrétisée sur place par le Haut Représentant de l’Onu, envoyé spécial de l’UE. Christian Schwarz-Schilling, qui a pris ses fonctions le 1er février 2006, aura comme priorité, à l’instar de ses deux prédécesseurs, de renforcer l’autorité de l’Etat central, via différentes réformes (justice, police, budget). En juin 2007, il sera exclusivement Représentant spécial de l’UE, signifiant un engagement plus net de cette dernière. Bien que dépourvue à court, voire à moyen terme, de toute visibilité quant à sa stratégie future d’élargissement, l’UE a cependant décidé, en novembre 2005, à la grande satisfaction des autorités bosniennes, d’ouvrir des négociations en vue d’un Accord de stabilisation et d’association; elle insiste dans le même temps sur la nécessité de développer une coopération régionale que les dirigeants des pays voisins (Croatie, Serbie-et-Monténégro) comme ceux de Sarajevo, semblent a priori plus enclins désormais à activer. Dix ans après l’accord de Dayton (novembre 1995), la tentative avortée à l’issue du vote négatif de la Chambre des représentants de réformer la Constitution, aux fins de renforcer les prérogatives de l’Etat central, tout comme les velléités des responsables de la Republika Srpska de procéder, comme au Monténégro, à un référendum sur l’indépendance, n’augurent aucune évolution encourageante, alors que des résultats économiques témoignent, pour leur part, d’une certaine reprise.