18 mars 2022
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Élise René, « L'expression musicale des émotions dans le rap français depuis les années 2010 : le cas de PNL et de l'Auto-Tune », Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.sbgens
C’est en 2015 que le groupe PNL attire mon attention. Lors de vacances d’été, sur une enceinte bluetooth dernier cri, des amis font tourner en boucle le premier album de PNL, Que la Famille. Des sonorités étranges, des paroles ambiguës, des basses qui détonnent, mais avant tout des voix robotiques qui résonnent dans tout le camping et qui, je me rappelle, m’ont particulièrement interpellée. À ce moment-là, cette musique m’apparaît comme nouvelle et me procure quelque chose d’émotionnellement puissant, à la fois beau et déstabilisant, presque dérangeant. Les voix me saisissent à tel point que les écoutes deviennent presque addictives, comme une sorte de thérapie émotionnelle dont j’avais besoin mais qui, je le sais, n’était pas générée par le sens des paroles, puisque je n’en comprenais pas bien la signification à ce moment-là. Le sens du langage (logos) de PNL semblait en effet disparaître au profit du son robotique de l’Auto-Tune (phôné). Comme si, finalement, le contenu implicite qui suscitait chez moi l’émotion semblait privilégier l’expression sur le sens du texte. Ce mémoire a pour ambition d’explorer les liens entre le rap français de la dernière décennie et l’expression des émotions au travers de l’exemple du groupe PNL. Plus précisément, nous voudrions examiner en détail de quelles manières l’utilisation des médiations numériques telles qu’Auto-Tune contribue au pouvoir expressif de la musique populaire et plus particulièrement ici du rap.