2006
Cairn
Philippe Mary, « Le cinéma de Jacques Tati et la « politique des auteurs » », Actes de la recherche en sciences sociales, ID : 10670/1.sdrqnd
Tout en connaissant un très grand succès public, les films réalisés par Jacques Tati dans les années 1950 font l’objet d’un fort investissement cinéphilique de la part des jeunes critiques qui promeuvent alors, dans des publications spécialisées, la « politique des auteurs ». L’accueil qu’ils réservent à Jacques Tati toutefois est ambivalent. Celui-ci inverse en effet les valeurs du cinéma de « prestige » et prend ses distances par rapport au cinéma des techniciens, des vedettes et des scénaristes. Mais, simultanément, son populisme très marqué l’éloigne de l’élitisme artistique caractéristique de la « politique des auteurs ». Une socio-analyse des films de Tati confirme cette contradiction : tout en adoptant, du point de vue technique et économique, une posture qui est moins celle de l’artiste que de l’ingénieur, ils s’emploient à mettre en scène les dangers du modernisme (industriel, domestique, artistique) et la vanité des prétentions bourgeoises.