2009
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Iris Seri-Hersch, « Nationalisme, impérialisme et pratiques patrimoniales : le cas de la Mahdiyya dans le Soudan post-mahdiste », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.sf85h3
Cet article examine les pratiques patrimoniales développées autour de la Mahdiyya soudanaise (1881-1898) durant le Condominium anglo-égyptien (1899-1956). Tout en tenant compte de l'évolution sémantique des concepts de patrimoine et de turâth, il vise à montrer que cette période controversée de l'histoire soudanaise fut l'enjeu de processus de patrimonialisation, de dé-patrimonialisation et de contre-patrimonialisation déclenchés par des acteurs aux intérêts politiques et idéologiques très divergents : les néo-Mahdistes, qui avaient pour objectif l'accession du Soudan à une indépendance totale ; les Unionistes, qui préconisaient l'union politique du Soudan avec l'Egypte ; et les administrateurs britanniques, pour qui l'établissement d'un système colonial effectif impliquait l'anéantissement matériel et symbolique du régime mahdiste. L'analyse est notamment consacrée à la Mahdiyya en tant qu'objet oscillant entre patrimoine national et héritage familial, ceci à travers la figure de proue du mouvement néo-mahdiste, Sayyid 'Abd al-Rahman al-Mahdî (1885-1959). Outre diverses modalités de patrimonialisation sociales et intellectuelles mises en œuvre du côté néo-mahdiste, l'article met en évidence les efforts britanniques de dé-patrimonisalisation de la Mahdiyya ainsi que l'élaboration d'un contre-modèle patrimonial fondé sur la sacralisation mémorielle du général Charles George Gordon (1833-1885). Enfin, les tentatives des Unionistes visant à contrecarrer la patrimonialisation nationale de la Mahdiyya mettent en relief le fossé politique, idéologique et religieux séparant les deux principales tendances du nationalisme soudanais à l'époque du Condominium, qui trouvent leur expression dans les célèbres slogans "Le Soudan aux Soudanais" et "L'unité de la vallée du Nil".