2009
Cairn
Camille Lorenzi, « L'engouement pour l'aquarium en France (1855-1870) », Sociétés & Représentations, ID : 10670/1.sgztx2
Au milieu des années 1850, la communauté scientifique mit en place en Angleterre un nouvel appareil d’étude du monde sous-marin, l’aquarium, qui permettait de conserver dans un environnement stable des espèces diverses de la flore et de la faune aquatiques. Diffusé largement auprès des amateurs, l’aquarium connut rapidement une large popularité, en particulier en France : désignée alors sous le terme d’« aquarium mania », cette popularité persista dans ce pays durant toute la décennie 1860, pour s’affaiblir subitement par la suite. Dans cet article, on s’interroge précisément sur l’apparition, mais aussi sur le caractère éphémère, de cet engouement surprenant pour l’aquarium. Il est, en effet, intéressant de se demander ce qui, dans les comportements culturels et dans les systèmes de représentations des Français, a pu déterminer ce « moment » de l’aquarium. Considéré d’abord, et notamment par les femmes de la bourgeoisie, comme un objet décoratif original et plaisant, il répondit par la suite à une série d’aspirations plus profondes des Français de cette période : il fut en particulier considéré, au sein des premières formes de la culture de masse, comme une nouvelle fabrique d’images, source d’un spectacle visuel étonnant. Dans un monde également dominé par la croissance industrielle et par le capitalisme naissant, l’aquarium est apparu de façon ambiguë, à la fois comme une marque indéniable de la modernité et du progrès de la science, mais aussi, comme la possibilité d’un retour à la nature, source d’élévation spirituelle et morale.