L'ombre de la quantification Le présupposé de mesure dans le discours de l'information

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2023

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Cédric Margot, « L'ombre de la quantification Le présupposé de mesure dans le discours de l'information », Serveur académique Lausannois, ID : 10670/1.shgc7x


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Résumé 0

Constatant, d'une part l'omniprésence des chiffres/statistiques dans le discours de l'information et, d'autre part, une critique très démocratisée de ces outils - « on peut faire dire n'importe quoi aux chiffres » - cette thèse pose la question de l'existence d'une confusion entre la mesure au sens strict et d'autres formes de quantification. La mesure au sens étroit repose sur la conjonction de trois piliers : i) la possibilité de décrire l'infiniment précis grâce à la nu1nération de position (les chiffres arabes), ii) l'existence d'unités parfaitement définies et invariables (les unités de mesure) et iii) des instruments physiques de mesurage et des méthodes mathématiques permettant d'en maîtriser l'imprécision. La conjonction de ces éléments permet à la mesure de produire des observations objectives ou « des observations sans observateur » pour citer l'historien et philosophe des sciences Zeno Swijtink [293]. En d'autres termes, elle est une métrologie réaliste qui autorise l'expression de grandeurs continues (masse, distance, temps,...) en chiffres sans faire intervenir la subjectivité des individus. Devant la très grande efficacité de la mesure dans le développement des sciences dites « dures », les sciences humaines ont - notam1nent sous l'impulsion d'Adolphe Quetelet (1796-1874) - cherché à adopter la flexibilité des nombres. Mais les formes de quantification rencontrées en sciences humaines et sociales passent - au contraire de la mesure - par la définition de classes d'observation (quantité discrète), qui dans le processus de quantification précède la traduction de l'expérience en chiffres. Il y a clone une étape de travail conventionnel intrinsèque à ces formes de quantification ; celle-ci introduit immanquablement des élé1nents de subjectivité : les indices/indicateurs sont construits sur des choix et amènent, en quelque sorte, à intégrer l'observateur à ses observations. Ces transformations en chiffres produisent des informations dont la valeur de vérité n'est pas la même du fait de leurs différences épistémologiques : la mesure est un transcodage fidèle des propriétés physiques du monde en nombres et offre des informations cert aines (bien que parfois imprécises), quand les indices/indicateurs produisent des chiffres qui n'ont toujours qu'un rapport probable à la vérité et reflètent un certain point de vue. Cela veut dire que les nombres issus de ces deux formes n 'auraient pas vocation à être utilisés de la même manière dans la production d'information. L'analyse d 'un corpus de plus de 6 heures de téléjournaux, nous permet de mettre en lumière que les objets quantifiés dans des champs des sciences humaines - notamment en économie - sont souvent traités, dans le discours de l'information, comme s'ils étaient obtenus par une métrologie réaliste : la mesure. C'est ce que nous avons nommé le présupposé de mesure ; il apparaît lorsque des nombres obtenus par une quantification incluant des étapes conventionnelles de définit ion sont traités comme s'ils étaient des entités objectives et neutres, à même de produire des informations certaines.

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