L’expérience esthétique, entre feinte intentionnelle et épreuve réelle

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1 janvier 2010

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Volume 6 (2010)

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Numéro 7

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Université de Liège



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Patricia Limido-Heulot, « L’expérience esthétique, entre feinte intentionnelle et épreuve réelle », Bulletin d'Analyse Phénoménologique, ID : 10670/1.smnlbp


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Cette étude est née de la remarque troublante d’un roman dans lequel un personnage relit Anna Karénine et se rend compte qu’il a tout oublié de sa première lecture : l’histoire, les émotions vécues alors, tout cela paraît n’avoir pas laissé de traces. Je me suis donc interrogée sur la nature de l’expérience esthétique et le type de souvenir qu’elle engendre. Une expé­rience peut-elle ne pas laisser de traces ? mais alors est-elle encore une expérience ? ou bien peut-on envisager des traces qui ne soient pas des souvenirs disponibles, mobilisables à volonté ? et comment alors les conce­voir ? Il s’agissait donc de cerner à la fois le type d’expérience que forme l’expérience esthétique et le type de souvenirs qui s’y constituent. Partant de Husserl, l’analyse a permis de définir l’expérience esthétique comme expé­rience menée dans la neutralité, sur le mode du quasi ; ce faisant cela paraît accréditer la possibilité qu’il n’y ait pas de réels souvenirs mais seulement des quasi-souvenirs. Néanmoins parce que cette thèse reste paradoxale, j’ai cherché le moyen de concilier à la fois la neutralité existentielle de cette expérience dans l’appréhension de l’objet esthétique et la possibilité d’une affection réelle voire d’une transformation en profondeur du sujet. J’ai alors poursuivi l’examen en m’appuyant sur un texte de Roman Ingarden (Vom Erkennen des literarischen Kunstwerks, § 24) et sur les leçons des synthèses passives de Husserl. L’enjeu de cette recherche engage donc la place et le rôle de l’expérience esthétique dans la constitution de la personnalité.

This essay has its origin in a disconcerting remark from a novel where a character rereads Anna Karenina but realizes that he has totally forgotten his first reading: the story, the emotions seem to have vanished without a trace. Here I investigate the nature of aesthetic experience and face the question, what sort of memory does it cause? Can an expe­rience leave no trace at all? If so, is it really an experience? Or rather: are there traces that are not memories available at will? How should we conceive of them? My aim in this paper is to clarify both what an aesthetic experience is, and to what kind of memory it gives rise. Starting from Husserl, I define aesthetic experience as a neutral expe­rience, an experience in the mode of “quasi.” This suggests that there are no real memories, but only quasi-memories. However, since this claim remains counter-intuitive, I try to combine the existential neutrality of aesthetic experience with the possibility of a real affection or even of a profound transformation of the subject. Finally, I develop this idea by relying on a text by Roman Ingarden (Vom Erkennen des literarischen Kunstwerks, § 24) and on Husserl’s lessons on passive synthesis. What is at stake here is the role of aesthetic experience in the constitution of personality.

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