2018
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Philippe Lefranc et al., « La nécropole néolithique moyen d'Obernai "Neuen Brunnen" (Bas-Rhin) : rites funéraires de la première moitié du 5e millénaire dans le sud de la plaine du Rhin supérieur (Grossgartach, Planig-Friedberg, Roessen) », HAL-SHS : archéologie, ID : 10670/1.sndivu
La nécropole d’Obernai ’Neuen Brunnen’, en Basse-Alsace, a livré 29 tombes attribuées au Néolithique moyen. Sa fondation intervient probablement dès le Grossgartach ancien, à la fin du 48e siècle av. J.-C. et son abandon dans le courant du Roessen, peut-être dès le Roessen ancien, dans tous les cas avant le milieu du 46e siècle. La plupart des tombes, et il s’agit de la principale originalité de cet ensemble funéraire, relèvent du Planig-Friedberg (dernier stade stylistique du Grossgartach) et du Roessen, périodes encore très peu documentées régionalement sur le plan des pratiques funéraires. La nécropole est formée de trois groupes spatiaux dont le plus ancien rassemble toutes les tombes Grossgartach et une tombe Planig-Friedberg. Les deux autres groupes sont fondés lors du Planig-Friedberg, mais un seul d’entre eux est encore utilisé lors du Roessen. C’est à ce moment-là que succède à la distribution des tombes autour de trois pôles distincts, une concentration des sépultures dans un même espace restreint, phénomène déjà documenté sur d’autres ensembles régionaux. L’intégration d’Obernai au sein du corpus régional et l’analyse détaillée des gestes funéraires permet de souligner la permanence du rituel depuis le Grossgartach, au niveau des positions et des orientations notamment, mais également de mettre en évidence une série d’évolutions touchant à la fréquence et aux types des dépôts de mobilier : certaines catégories comme les meules/molettes et les armatures de faucille disparaissent alors que la part des armatures de flèche et des nécessaires à feu s’accroît. Le nombre relativement élevé d’individus parés de bracelets nous a permis de définir la manière dont ces éléments, réservés aux femmes, étaient portés au Planig-Friedberg et au Roessen : au-dessus du coude et en symétrie, en rupture avec le style Grossgartach. Une autre originalité de la nécropole d’Obernai est d’avoir livré des éléments propres aux groupes haut-alsaciens et sud-badois (ou groupes ‘sud’) du Planig-Friedberg et du Roessen, à l’image des vases Planig-Friedberg de type Forchheim et de leurs épigones Roessen, ainsi que des anneaux-disques irréguliers. Ces traits, mêlés à une majorité de caractères définissant les groupes de Basse-Alsace (composante nord de la céramique Roessen, orientations à l’ouest), permettent d’assimiler la nécropole d’Obernai à un ensemble mixte où coexistent deux traditions distinctes. Cette observation rejoint les conclusions des études céramiques, qui placent la frontière stylistique entre les groupes nord et sud du Roessen du sud de la plaine du Rhin supérieur à hauteur d’Obernai.