1987
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Patricia Anderson-Gerfaud et al., « L'emmanchement au Moustérien », MOM Éditions, ID : 10670/1.snl12t
Nous évoquons ici la question de l'emmanchement à propos de certains résultats de notre analyse de microtraces d'utilisation sur un échantillon d'outils provenant des couches du Moustérien de tradition acheuléenne du Périgord. Une première interprétation des microtraces observées sur les outils moustériens a inspiré les expériences d'utilisation avec des copies d'outils préhistoriques, effectuées à main nue ainsi qu'emmanchées selon différents systèmes. Ensuite, au moyen d'une comparaison entre les traces produites sur les outils expérimentaux avec des traces semblables retrouvées sur leurs équivalents préhistoriques nous avons déduit le moyen d'utilisation des outils moustériens. Notamment, une dizaine d’outils moustériens, dont la plupart sont des racloirs convergents, ont apparemment été emmanchés, dans un manche « en pince » ou bien par juxtaposition de l'outil en silex au manche au moyen de lanières, comme cela a été observé pour les outils esquimaux et indiens, par exemple. Nos observations impliquent que ces systèmes de fixation, dont nous retrouvons les microtraces, ont servi à attacher un manche plus important qu'un simple enrobage, ce qui représente une utilisation intentionnelle du principe du levier. La ressemblance entre pièces emmanchées suggère qu'elles ont pu être emmanchées « en série » selon une certaine stratégie technologique, laissant entrevoir la possibilité de la conservation à long-terme (cf. « curation ») des manches eux-mêmes.