2004
Cairn
Sandrine Chambaretaud et al., « Économie de la santé : avancées théoriques et opérationnelles », Revue de l'OFCE, ID : 10670/1.snnu16
Depuis les travaux de Arrow sur « l’économie des soins médicaux » en 1963, l’économie de la santé a connu un développement considérable. Trois grands axes de recherche sont présentés dans cet article : la nature de la demande, l’analyse de l’assurance maladie et les politiques de régulation. Le premier axe distingue notamment les « besoins » de santé qui traduisent une détérioration de l’état de santé, la transposition de ces besoins en demande de soins qui requiert l’intermédiation — délicate à évaluer — des offreurs de soins, et le lien entre l’état de santé et la consommation de soins — difficile à quantifier en général mais qui peut être appréhendé de manière plus ciblée grâce au développement de l’évaluation médico-économique. L’assurance maladie a été l’objet d’investigations importantes, notamment l’analyse des asymétries d’informations entre assureurs et assurés, source, d’une part d’anti-sélection, pouvant entraîner l’éviction du marché de l’assurance des individus présentant des niveaux de risque élevés ; d’autre part de risque moral, qui peut conduire à une consommation excessive de biens et services médicaux. L’impact de l’assurance sur les offreurs de soins peut aussi créer un biais technologique qui les amène à développer des innovations dont les bénéfices sociaux sont inférieurs au coût réel. Enfin, un dernier ensemble de travaux traite de la régulation du système de santé. Une première voie est celle de la responsabilisation financière de la demande, qui conduit à une baisse des dépenses de l’assurance maladie, mais qui suppose que les patients ont la capacité d’évaluer l’opportunité de leurs dépenses. Par ailleurs, concernant la rémunération des professionnels et des établissements de santé, les résultats théoriques montrent la supériorité — en termes d’incitation et de partage des risques — des systèmes de paiement mixtes sur les mécanismes de remboursement ex post et les budgets globaux définis ex ante. Enfin, en termes de maîtrise des dépenses, l’intégration des fonctions d’assurance et de production de soins est un mode d’organisation globalement performant, mais il est difficile de faire la part des bénéfices qui relèvent de la rationalisation de la consommation et ceux liés aux stratégies de sélection de la clientèle par les assureurs.