2017
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Ariane Lainé, « De la dette et de la difficulté d'éditer des compilations de sermons médiévaux », HAL-SHS : histoire des religions, ID : 10670/1.sruc4r
S’il est un genre littéraire qui relève à la fois de l’emprunt et de la dette, c’est sans conteste le sermon médiéval. La dette se distingue de l’emprunt par leur rapport de cause à effet : contracter un emprunt rend redevable. On notera que la dette est souvent perçue comme la conséquence d’un manquement.Le jugement moral est en général lourd et sévère et l’on ne s’étonnera pas que les sermons ne soient pas en reste pour condamner celui qui contracte une dette. C’est que, selon leur enseignement, la dette la plus lourde jamais contractée par l’homme le fut envers le Christ, « sacrifié pour le bien de l’humanité ». Et pourtant, les sermons sont eux-mêmes le fruit d’emprunts plus ou moins avoués mais savamment compilés, emprunts certes d’érudits et visant à l’édification par l’exemple maintes fois éprouvé et approuvé. Les auteurs de sermons citaient le plus souvent leurs sources, même partiellement, mais il en était aussi de moins scrupuleux qui composaient les leurs à partir de morceaux choisis empruntés çà et là. Il arrivait fréquemment que, pour les besoins de leur sacerdoce, des prêtres compilent en un manuscrit des sermons d’origines diverses. Il arrivait également que pour ce faire, ils « piochent » dans d’autres compilations. Enfin, certains ne se contentaient pas de compiler des sermons pris de-ci de-là, mais recomposaient leurs propres sermons à partir de morceaux empruntés à ces différentes compilations. La tâche de l’éditeur en est rendue d’autant plus complexe et c’est cet aspect technique, qui vise à retracer l’origine de la dette, que je propose de commenter. Je me pencherai pour ce faire sur le cas de révisions du Festial de John Mirk (fin XIVesiècle) conservées dans les manuscrits de la British Library : Harley MS 2247 et Royal MS 18.B.XV.