2017
Sandrine Lavaud et al., « Atlas historique d’Agen », HAL-SHS : architecture, ID : 10670/1.sul3b1
Cinquantième volume de la collection de l’Atlas historique des villes de France, l’Atlas historique d’Agen relève d’un programme de recherche Région Aquitaine, intitulé : « Les villes-têtes de l’Aquitaine : approches historique, cartographique et comparative », visant à la réalisation des atlas historiques de cinq villes de rang urbain supérieur (Agen, Bayonne, Mont-de-Marsan, Pau, Périgueux), ainsi que d’un volume supplémentaire d’analyse spatiale comparative. Premier à paraître de la série, l’Atlas historique d’Agen, élaboré par une équipe de 26 contributeurs, a été élaboré sur le modèle de celui de Bordeaux et retrace la formation de l’espace urbain des origines à nos jours selon trois perspectives complémentaires : le Plan historique, établi à partir du cadastre de 1845, la restitue cartographiquement, alors que deux tomes en donnent les clés de lecture, à l’échelle de la ville (t.1 : Notice générale ; 11 chapitres dont 8 historiques dotés de plans de restitution de la ville à la période considérée) et à celle des monuments (t. 2 : Sites et monuments ; 157 monuments, 106 notices).Agen béné ciait déjà d’un premier atlas réalisé en 1985 par Jacques Clémens mais, depuis les travaux des érudits de la n du XIXe siècle, aucune véritable synthèse scienti que n’avait été réalisée. De fait, la mise en œuvre du nouvel Atlas historique d’Agen a nécessité d’e ectuer un important travail de collation des données, tant textuelles qu’archéologiques ou icono-cartographiques. Cette confrontation des sources a constitué le creuset du renouvellement des connaissances dont cet atlas rend compte.Telle qu’elle est restituée, la fabrique urbaine d’Agen témoigne des rapports multiples de la ville à l’eau – la Garonne et ses petits a uents, particulièrement la Masse – composante majeure de son paysage et de son économie, mais aussi menace récurrente qui a amené les Agenais à privilégier les sites d’implantation hors d’eau et à multiplier les aménagements de protection. Il en est ainsi de l’oppidum de l’Ermitage, première agglomération de l’âge du Fer fondée par les Nitiobroges sur un coteau dominant le euve. La conquête romaine suscite le transfert de l’agglomération au pied de l’oppidum. Ville basse, Aginnum présente déjà certains traits majeurs de l’identité actuelle d’Agen : son site de plaine, sa position de carrefour des voies uviales et terrestres et son statut de chef-lieu de cité. Mais après une phase dynamique d’urbanisation et de monumentalisation au Ier siècle p.C., la ville ouverte connait une récession accusée dès le IIe siècle.Les pulsations de la aque urbaine durant la période médiévale sont scandées par la construction d’enceintes dont 4 ont été identi ées : 2 possiblement du haut Moyen Âge, celle de la cité, enserrant le groupe épiscopal et le marché, et celle de la Clausure au nord-est, enclos canonial de la collégiale Saint-Caprais ; au XIIe siècle, le rempart de Truelle englobe une première excroissance orientale ; en n, la guerre de Cent ans accélère l’édi cation d’une enceinte de réunion. Ces forti cations sont aussi la résultante du jeu des pouvoirs sur la ville, d’abord celui de l’évêque contre lequel entre en concurrence celui du comte de Toulouse à partir de la n du XIIe siècle, permettant l’émergence d’un nouvel acteur, la commune. Au Moyen Âge central et nal, le pouvoir des consuls ne cesse de s’accroître : l’enceinte de la ville est œuvre communale, comme également la maison commune, le pont ou encore le marché.C’est dans ce cadre médiéval que s’inscrit la ville de l’Époque moderne. Elle subit alors les e ets de la Contre-Réforme qui en fait un bastion avancé du catholicisme en terre huguenote. L’implantation des ordres religieux y est massive mais reste prioritairement con née intra-muros. Le siècle des Lumières ne change pas véritablement la donne. Si Agen est dynamisée par le commerce atlantique et se tourne résolument vers son euve, le tissu urbain n’évolue guère et les embellissements, malgré les ambitions de l’ingénieur Lomet, sont réduits à la façade occidentale.La première moitié du XIXe siècle est plus décisive en matière de transformations urbanistiques, avec la destruction des enceintes et de nombre de monuments, notamment la cathédrale dont la démolition reste une étonnante originalité d’Agen. Parallèlement, la pensée hygiéniste impose le transfert hors du centre de l’hôpital, des cimetières et des abattoirs. La aque urbaine progresse alors avec l’urbanisation des faubourgs, bien qu’Agen demeure en retrait de la Révolution industrielle.La transformation de la ville s’accélère à partir de la n du XIXe siècle : grands aménagements (canal latéral, percées ferroviaires et viaires...), explosion de l’urbanisation devenue massive durant les TrenteGlorieuses. Aujourd’hui, avec une aire urbaine englobant plus de 100 000 habitants, Agen s’impose à l’échelle de l’Aquitaine comme une ville-tête, dont le noyau ancien ne constitue plus qu’une part moindre mais toujours dotée de ses fonctions centrales, porteuses de l’identité de la ville.