2015
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
François-Joseph Daniel, « De l’usage collectif des sens. Fonctionnement et incertitudes d’un jury de nez riverain », Revue d’Études en Agriculture et Environnement (documents), ID : 10.4074/S1966960715004026
Les jurys de nez riverain sont fréquemment mobilisés par les industriels pour évaluer les nuisances occasionnées par leurs activités sur le voisinage. Ces dispositifs jouissent d’une représentation collective relativement positive qui valorise l’usage collectif d’un sens réputé sous-exploité. Pourtant la forte conflictualité associée à leurs contextes de mise en place interroge les conditions de leur opérationnalisation sur le terrain et en particulier le lien entre l’activité perceptuelle collective, à proprement parler, et les enjeux de pouvoir qui s’y trament. Cet article montre que la mise en place des jurys de nez compose avec de nombreuses contraintes en partie expliquées par le caractère conflictuel de la situation. Ces contraintes ont conduit, dans le cas étudié, à des arrangements spécifiques structurant l’activité perceptuelle : mise en place d’un langage olfactif relativement simple et rapidement opérationnel sur le terrain, composition du jury façonnée par un enjeu de «représentation » des différentes parties en présence. Si le dispositif n’en est pas moins opérant dans sa capacité à faire exister institutionnellement la gêne, il s’avère toutefois très fragile car facilement soumis aux critiques et disqualifications.