Des collaborations équivoques

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31 janvier 2020

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Pierre-Nicolas Oberhauser, « Des collaborations équivoques », Revue d’anthropologie des connaissances, ID : 10.3917/rac.033.0557


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Résumé Fr En Es

Lorsqu’ils s’investissent dans des projets de recherche impliquant la mise en place d’une infrastructure numérique dédiée, les chercheurs en sciences humaines et sociales (SHS) sont amenés à collaborer avec des spécialistes des sciences et techniques informatiques (STI). Ces collaborations constituent un aspect important des transformations qu’impliquent les humanités numériques pour la recherche en SHS. Cet article en identifie certaines caractéristiques à partir d’un travail de terrain ethnographique auprès d’une équipe de recherche en psychologie du développement rattachée à un laboratoire d’humanités numériques. Nous décrivons dans un premier temps la vigilance qu’impliquent ces collaborations pour les chercheurs, qui sont régulièrement amenés à s’interroger sur la qualité des contributions des spécialistes en STI avec lesquels ils collaborent et sur leur adéquation aux objectifs poursuivis par le projet. Dans un second temps, nous revenons sur les efforts de planification déployés par les chercheurs pour assurer le bon déroulement du projet. Nous montrons comment ces efforts s’appuient de manière prépondérante sur les informations transmises par les spécialistes en STI et cherchons à éclairer les conséquences de cette dépendance épistémique. Le matériau analysé consiste en des entretiens semi-directifs avec les membres de l’équipe, des observations ethnographiques de situations de travail et des enregistrements vidéo de réunions rassemblant les différents participants au projet.

As they get involved in scientific projects that require the building of a new digital infrastructure, researchers in the humanities and social sciences (HSS) are led to collaborate with information technology (IT) specialists. These collaborations are an important aspect of what digital humanities imply for the HSS. This paper seeks to describe some characteristics of such collaborations. It draws on an ethnographic fieldwork conducted among developmental psychology researchers affiliated to a digital humanities laboratory. We first describe the vigilance of the psychology researchers towards the IT specialists, as they question the quality and consistency of their contributions to the project. We then account for the planning efforts of the researchers struggling to ensure the project’s success. We show that these efforts mostly rest on the information given by the IT specialists and reflect on the consequences of this epistemic dependence. Our data consist of semi-structured interviews with members of the team, ethnographic observations of work practices and video recordings of meetings that gather the participants to the project.

Cuando participan en los proyectos científicos que implican la producción de infraestructuras numéricas, los investigadores en ciencias humanas y sociales (CHS) tienen a veces que colaborar con especialistas de las ciencias y técnicas informáticas (CTI). Esas colaboraciones constituyen un aspecto importante de las transformaciones que implican las humanidades digitales para la investigación en CHS. Este articulo identifica unas características a partir de un trabajo de investigación etnográfica efectuada ante un equipo de investigación en psicología del desarrollo asociado con un laboratorio de humanidades digitales. En primer lugar, describimos la vigilancia que implican esas colaboraciones para los investigadores que deben a menudo preguntarse sobre la calidad de las contribuciones de los especialistas en CTI con los que deben colaborar, y sobre la adecuación de esas contribuciones a los objetivos que el proyecto prosigue. En segundo lugar, volvemos a los esfuerzos de planificación de los investigadores para asumir el buen desarrollo del proyecto. Mostramos como esos esfuerzos se basan sobre todo en las informaciones que los especialistas en CTI trasmiten y explicitamos las consecuencias de esta dependencia epistémica. Realizamos entrevistas semidirectivas con los miembros del grupo de investigación, observaciones etnográficas del trabajo y realizamos grabaciones video de reuniones de los participantes del proyecto.

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