2023
Marcello Angheben, « La Porta dei Principi de la cathédrale de Modène et la renaissance du droit romain. Pour une approche critique des rapports entre les arts figurés et la réforme ecclésiastique des XIe-XIIe siècles », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10670/1.sxtprr
Dans deux articles publiés en 2010 et 2015, Xavier Barral i Altet a remis en question, à juste titre, la validité de nombreuses interprétations « grégoriennes » des œuvres d'art réalisées lors de la réforme ecclésiastique des XIe et XIIe siècles. Le présent article vise à étendre cette critique à travers quelques réflexions méthodologiques et un exemple spécifique : la Porta dei Principi de la cathédrale de Modène. Dans la quatrième scène du linteau, l'empereur Jovien offre à saint Geminius un calice et un codex legis. Dans le contexte de la redécouverte du droit romain, ce détail, qui n'apparaît dans aucune des deux Vitae, ne peut être que significatif. Dans la mesure où le renouveau des études juridiques fondées sur le Corpus juris civilis concerne la comtesse Mathilde et les papes de la réforme, il pourrait être tentant d'interpréter la scène dans une perspective grégorienne. L'historiographie récente tend cependant à minimiser le rôle du droit romain dans la réforme, et une charte de l'évêque Heribert atteste d'une certaine connaissance du droit romain et d'une profonde admiration pour Justinien. Si ces contre-arguments n'excluent pas une lecture grégorienne du codex legis, ils plaident davantage en faveur d'une corrélation avec une réalité locale et des ambitions épiscopales.