2011
Cairn
Albrecht Wellmer et al., « Autonomie et négativité de l'art : L'actualité de l'esthétique d'Adorno et les points aveugles de sa philosophie de la musique », Réseaux, ID : 10670/1.t0uup7
Les concepts de négativité et de critique sont centraux pour Adorno : ils renvoient à ce qui déborde la réalité factuelle en préservant la possibilité d’une société autre. Son esthétique explicite une idée de l’art comme débordement de « ce qui est », y compris de l’art lui-même. Simultanément, l’art est aussi fait social, il incorpore un élément historique. C’est en refusant la contrainte de l’empirique - et non pas en y abdiquant - que ce dernier est présent sous forme sublimée dans les œuvres. Adorno privilégiait la seule musique capable d’incarner cette négativité en exprimant des expériences de bonheur : celle issue des expérimentations des avant-gardes, en marge du système totalisant de l’industrie culturelle abîmant toute négativité. Cette fixation sur ce type de musique, vue comme la seule assurant la négativité, a enfermé Adorno dans une certaine tradition musicale en le rendant insensible aux innovations subversives et aux expériences d’écoute collective au sein de la musique pop.