23 mai 2024
Nicolas Sarzeaud, « Les Suaires du Christ en Occident: du Moyen Âge à nos jours », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.t1eq3p
Où est le Suaire ? À Turin, en Italie ? À Cahors, en France ? À Oviedo, en Espagne ? Ailleurs ? Vénérée comme le linceul de la Résurrection, la relique la plus célèbre et la plus controversée du Christ est aussi la plus disputée. Depuis le Moyen Âge, une foule de sanctuaires à travers tout le Vieux Continent revendique posséder cet objet, joyau pour l’Église et énigme pour l’Histoire.Pourquoi une telle abondance ? Parce que promu par les papes et les évêques, célébré par l’érudition catholique comme une preuve de la Passion du Christ, réputé opérer des miracles et octroyer des indulgences, un Suaire a le pouvoir de mobiliser les talents et les énergies, d’agréger le peuple, de susciter un pèlerinage. Il constitue, à tous les sens du terme, un trésor.Cette multiplicité s’est perpétuée jusqu’aux Lumières. Bien qu’amoindrie par les épisodes de vandalisme révolutionnaire, elle a été questionnée par les sciences positives à l’époque contemporaine. Le Vatican s’est interrogé : fallait-il les remiser au musée, ces Suaires concurrents, ou laisser subsister leur dévotion locale ?