25 octobre 2007
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Philippe Herbaux et al., « Implication d'acteurs, pédagogie de la gouvernance. », HAL-SHS : sciences de l'information, de la communication et des bibliothèques, ID : 10670/1.t2tqox
A l'instar des expérimentations européennes, ça et là en France, se mettent en place depuis 2003, des projets d'intelligence territoriale (cf régions de la Basse Normandie, de la Lorraine, Ile de la Réunion, région d'Aquitaine etc.) ; ceux-ci ont pour ambition de mettre à contribution dans une logique de développement durable, un traitement mutualisé de l'information qui dépasseront les huis clos sectoriels. Outre les institutions, la société civile, et les habitants du territoire, on constate que les entreprises et notamment les Pme/Pmi, sont des partenaires naturellement intéressés par cette démarche. Les processus de filière économique comme les organisations participantes gagnent ainsi quelques gradients d'anticipation des menaces et réaffirment le territoire comme un lieu ressource commun à défendre. Au-delà des systèmes de traitement de l'information fonctionnant parfois au sein de ces organisations ou filières, l'articulation des actions internes de capitalisation informative aux actions locales d'intelligence territoriale, permettent d'acquérir un effet levier d'une visibilité européenne sinon mondiale (Herbaux, 2007). Néanmoins, ces expériences connaissent des fortunes diverses dont l'abandon progressif du projet par les entreprises initiées est l'un des effets le plus couramment observé. En appui d'un apport théorique en trame de cette communication, nous rapportons les résultats d'une enquête de type Delphi réalisée en 2005 sur 53 entreprises du Nord-Pas de Calais engagées dans un processus d'intelligence territoriale depuis 2003 ; celle-ci constatait que 43 entreprises sur les 53 engagées n'avaient pas poursuivi leur projet interne de mutualisation des flux d'information et se contentaient par défaut, des résultats sectoriels d'une veille régionale publique. Au-delà d'une apparente démission d'un processus engagé, nous pouvions nous interroger sur cette apparente discrétion d'un volet de partenaires associés dans la gouvernance locale. Ce travail aboutissait néanmoins à un consensus des acteurs interrogés autour de quelques constats ; notamment dans la démarche dont ils ne reniaient pas la finalité mais dont les exigences obligeaient à une modification sensible de leur culture interne. Après les premières réponses convenues : « sécurisation du patrimoine informationnel, nouveaux choix en -investissement temps-, manque de moyens, priorités différentes etc. », un questionnement récursif et différencié chez les intéressés, établissait que l'abandon progressif des pratiques et engagements étaient en relation avec un ensemble de facteurs liés à l'humain dans ses aspects relationnels et cognitifs, privant ainsi le projet de ses ancrages fondateurs. Ce constat intervenait en écho d'une implication proposée par Girardot en 2004 sur le thème de la « gouvernance multi-niveaux ». Bien que l'aspect financier soit un des facteurs de pérennité d'un investissement régulier en temps-homme, ce critère apparaissait progressivement pour les acteurs enquêtés, comme accessoire du projet général au profit de plusieurs postures posées en pré-requis. Sur la base d'une synthèse réalisée sur les résultats de l'étude, nous proposons ainsi cinq facteurs clés de succès à promouvoir au sein des organisations pour le développement des logiques de mutualisation d'information. Pour ce faire, notre proposition de modèle appelé « CADIE » (Communication, Appui, Durée, Implication, Ecoute) propose quelques postures auxquelles les organisations doivent s'attacher pour un développement pérenne de leur intégration dans une démarche d'intelligence territoriale. Les limites de notre proposition souffrent de la faiblesse de l'échantillon à notre disposition et de la lisière régionale de notre recueil de données. Cette expérimentation dupliquée dans différents territoires de l'Europe, bénéficierait d'une onction multiculturelle et offrirait alors un modèle européen d'approche préliminaire des logiques d'intelligence territoriale.