« Ce bonnet qu’ils ont accru jusqu’à ne plus pouvoir le mettre sur leur tête » (Saint-Simon)

Résumé Fr

Cet article étudie le costume des présidents à mortier du Parlement de Paris et son traitement dans les conflits qui les opposent aux ducs et pairs : d’abord dans une série de mémoires juridiques publiés en 1664 pour prouver la préséance des présidents sur les ducs lors des lits de justice puis dans le récit que Saint-Simon fait des débuts de l’affaire du bonnet dans ses Mémoires. Ces textes ont en commun de mêler, à des degrés divers, deux temporalités différentes. D’une part, ils visent une action immédiate : les mémoires se succèdent et se répondent pour obtenir la résolution d’un conflit juridique ; le récit du duc de Saint-Simon s’inscrit lui aussi dans un contexte polémique, même s’il se présente comme un récit produit à distance de l’action. D’autre part, les Mémoires de Saint-Simon sont devenus un monument de la littérature française, ils relèvent de la temporalité longue propre au texte imprimé, dont la destination est aléatoire. C’est aussi le cas des mémoires de 1664, même s’ils n’ont pas eu la même postérité que les œuvres du duc : ils sont imprimés en recueil et réédités plusieurs années après la résolution du conflit. La question du pouvoir de l’habit rejoint donc ici celle des pouvoirs de l’écrit : comment des écrits construisent-ils l’habit comme signe ou preuve de pouvoir dans des opérations conflictuelles de revendication ? À travers le cas de l’habit, il s’agit de saisir les mécanismes de la construction imaginaire du pouvoir et de l’ordre social et le rôle des lettres dans cette construction.

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