2020
Cairn
Marc Vigié, « Une esthétique de la puissance : vaisseaux et galères du roi », Inflexions, ID : 10670/1.t5zkzc
Durant le règne de Louis XIV, les vaisseaux et les galères participent autant sinon davantage à la fabrication de l’image du roi qu’à la réalisation de ses ambitions guerrières. La construction navale se caractérise alors par une exceptionnelle intrication de l’art, du pouvoir et de la puissance militaire. Les unités de la flotte, notamment les vaisseaux de premier rang, reçoivent une décoration sculptée et peinte aussi profuse qu’exubérante. Toutefois, l’esthétique décorative de cette imagerie politique ignore trop les contraintes techniques de l’arme navale. La marine du roi proclame la suprématie du souverain sans pouvoir la démontrer face à l’ennemi. Dès la fin du xviie siècle, la crise du fonctionnement « esthétique » et politique du vaisseau de guerre français est patente. Elle épargne les galères, dont la véritable mission est de rappeler en soumettant par la force les condamnés de droit commun et les protestants que le roi est source de justice et garant de la « vraie foi ».