2007
Cairn
Cet article fait le point sur l'état actuel de la recherche concernant la physiologie du rêve. Depuis une quinzaine d?années, les études du sommeil paradoxal et, dans leur sillage, celles du rêve ont été l'objet de nombreux débats. Les pionniers considéraient cet état comme celui où se produisent les rêves que nous pouvons raconter, mais la découverte, chez le chat, d?un état de vigilance dans les moments de sommeil profond a remis en cause les acquis antérieurs. Les neuropsychanalystes, à la suite de Freud, font du rêve la pierre de touche de leurs travaux et cherchent, pour l'instant sans grands succès, à identifier les réseaux, les structures, les hormones qui, dans le sommeil de rêve, font intervenir libido, ça ou refoulement. Les psychologues évolutionnistes, quant à eux, privilégient une pression sélective d?origine extrêmement lointaine : les chasseurs-cueilleurs auraient vécu dans un état d?alerte permanente exigeant un entretien régulier chaque nuit de la circuiterie neuronale. Au total, ces remaniements bruyants soulèvent plus de problèmes épistémologiques ou historiques qu?ils n?en résolvent ; le rêve demeure inaccessible à l'entreprise de naturalisation.