2015
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Hélène Cottet, « La scolarisation du poète américain, de Longfellow à Dickinson », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.t9l17b
Cet article se propose d’analyser le passage de la poésie américaine de l’école à l’université entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. En interrogeant les discours qui ont permis successivement à l’école et à l’université américaines de se prévaloir de Longfellow ou de Dickinson comme adjuvants à leurs missions respectives, l’article lie la canonisation de ces poètes américains au rôle de « personnage pédagogique » qu’ils étaient amenés à jouer à l’intérieur de l’institution. La scolarisation du poète ne désigne donc pas seulement l’intégration de son œuvre aux programmes des écoles et des universités, mais, préalablement à cette intégration, la capacité du poète lui-même à incarner une fonction scolaire, à devenir soit celui qui s’éduque soit celui qui instruit. Alors même que la critique universitaire cherche à distinguer son expertise d’une première réception immature de la littérature américaine, elle va pourtant recourir elle aussi à cette scolarisation du poète, et c’est alors l’infantilisation d’Emily Dickinson chez le critique Allen Tate qui pose particulièrement question, dans la mesure où elle va révèler un recours détourné aux configurations amateures de la poésie américaine que Tate, dans son appel à un New Criticism, cherche précisémment à révoquer.