2018
Cairn
Timothy Tackett, « Dénoncer au début de la Révolution. Le cas de Bordeaux, 1791 - 1793 », Annales historiques de la Révolution française, ID : 10670/1.tfoex6
Depuis le début de la Révolution, de nombreux journalistes et hommes politiques ont soutenu la pratique de la dénonciation devant « le tribunal de l’opinion publique » comme un acte salutaire et nécessaire afin de préserver les acquis de 1789 contre la menace contre-révolutionnaire. Mais si nous en savons beaucoup sur la théorie de la dénonciation, la réalité de l’étendue d’une telle activité avant l’an II nous est encore largement inconnue. Cet article est fondé sur l’analyse d’un dossier de plus de 200 lettres de dénonciation adressées à la Société des Amis de la Constitution de Bordeaux entre le printemps 1791 et le printemps 1793. Ces lettres offrent des éclairages nouveaux sur le développement et la nature du soupçon, de la peur et des conflits au sein de la population bordelaise à l’aube de la Terreur. On peut ainsi constater un climat de soupçon et de méfiance, engendrant une « communauté d’émotion », déjà visible avant Varennes et le début de la guerre, et qui aurait été un élément important, mais pas le seul, à l’origine de la « psychologie de la Terreur ».