2021
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Morgane Dujmovic, « Les frontières européennes et la "route des Balkans": in "Les questions de frontières dans les Balkans" », HAL-SHS : sciences politiques, ID : 10670/1.tg60uq
Au cours des vingt dernières années, les routes migratoires des Balkans ont été animées par un nombre croissant d’individus originaires d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient, jusqu’à devenir la principale voie d’accès à l’espace Schengen, en 2015 et 2020. Simultanément, la frontière extérieure de l’UE s’est déplacée vers le Sud-Est de l’Europe, au fil des adhésions. L’espace de transit balkanique devenant un espace-tampon pour l’UE face aux arrivées de migrants jugés indésirables, les dispositifs de contrôle frontalier y ont été renforcés. Des moyens croissants ont été mis à la disposition des États balkaniques pour le contrôle des frontières extérieures, auquel le processus d’intégration est désormais conditionné (Partie 1).De 2000 à 2015, un espace migratoire international s’est consolidé dans les Balkans, entre la diversification des flux, la multiplication des routes et la dissémination des points de contrôle. En 2015, la crise des politiques migratoires a pris de cours les États balkaniques, incitant à des coopérations bilatérales pour assurer le transit migratoire via un corridor. Près d’un million de personnes ont transité par cette « route des Balkans » jusqu’à l’accord UE-Turquie de mars 2016. Sur la période 2016-2021, plusieurs zones de refoulements frontaliers systématiques ont été consolidées, en particulier aux frontières hongro-serbe (Subotica), croato-serbe (Šid), croato-bosnienne (Bihać) et macédo-grecque (Idomeni) (Partie 2).L’étude des routes balkaniques sur plusieurs décennies révèle des stratégies de contrôle de la migration face auxquelles se développent des stratégies de contournement par de nouvelles routes, sans que les premières parviennent à enrayer totalement les secondes sur le moyen-long terme. Dans ce jeu du chat et de la souris, le recours systématique à des pushbacks (refoulements) est devenu de plus en plus violent. Finalement, la fabrique de la frontière Schengen dans les Balkans repose sur une ambivalence entre, d’un côté, des incitations au règlement de litiges frontaliers et la promotion des droits humains, et de l’autre, des pratiques policières inhumaines et dégradantes documentées aux frontières fermées des Balkans. Enfin, le positionnement de nouveaux acteurs humanitaires ou sécuritaires dans la zone en fait un espace à fort enjeu stratégique pour les prochaines décennies (Partie 3).