Le temps d’un rituel : Anthropologie historique d’une « danse de la conquête » de la Sierra centrale péruvienne (XVIIe-XXIe siècle)

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2023

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En équilibre précaire sur de petits destriers, les conquérants espagnols tentent péniblement de transpercer les troupes du souverain Atahualpa qui défendent à pied le destin de l’Empire inca. La scène est désordonnée, tantôt tendue, tantôt enjouée, car la plupart de ses interprètes sont en état d’ébriété avancée. Renvoyant à l’épisode tragique survenu en 1532, cette séquence est rejouée depuis la première moitié du xviie siècle au cours de diverses fêtes votives de la Sierra centrale péruvienne. Aujourd’hui, si les modalités de cette reconstitution peuvent varier d’un endroit à l’autre, elles sont toujours financées par des laïcs bénévoles ; s’y mêlent messes, processions, beuveries, banquets, danses collectives, jeux de combat, divertissements musicaux et, parfois, un spectacle taurin. Ces pratiques festives s’inscrivent en cela dans une histoire connectée, celle de la circulation et des reconfigurations des représentations de Maures et chrétiens dans le monde ibérique. Cet article propose de saisir les dynamiques institutionnelles, à la croisée du politique et du religieux, qui ont participé au succès et à la stabilité de cette performance dans les Andes. Il interroge également la texture de cette longue durée et son articulation avec d’autres temporalités. À partir d’enquêtes ethnographiques effectuées à Chiquián (Áncash), l’étude s’attarde en dernier lieu sur les temporalités du rituel : quels passés, quels présents et quels horizons d’attente s’emboîtent dans les cadres d’interaction de cette représentation ?

Holding on precariously to their small steeds, the Spanish conquerors attempt to break through the ranks of Atahualpa’s army, whose men defend on foot the fate of the Inca Empire. The scene is messy, at once tense and playful owing to the performers’ advanced state of inebriation. This choreography, which plays out the tragic events of 1532, has been reenacted on various patronal festivals throughout the central Peruvian Sierra since the first half of the seventeenth century. Although nowadays these reenactments may vary in configuration from one place to the next, all are financed by lay volunteers and include masses, processions, drinking, banquets, collective dances, fighting games, musical entertainment, and occasionally a bullfight. These festive performances are the latest chapter in a connected history of the circulation and reconfiguration of representations of Moors and Christians in the Iberian world. This article attempts to grasp the institutional dynamics, at the intersection between politics and religion, that have ensured the success and longevity of these performances in the Andes. It also questions the texture of this longue durée and its articulation with other temporalities. Based on ethnographic fieldwork carried out in Chiquián (Áncash), the article focuses on the temporalities of the ritual: What past, present, and future horizons are woven into these performances’ frameworks of interaction?

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