23 mai 2023
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Christophe Imperiali, « Poésie amphibie : le double état du poème », Itinéraires, ID : 10670/1.tjbv59
Si l’on admet qu’un texte poétique devient poème au moment précis où s’engage une relation esthétique entre ce texte et quelqu’un qui le reçoit, on peut alors poser une question d’apparence simple : où trouver ce « poème » ? Est-il fixé sur l’espace d’une page, où l’œil ira le rencontrer, ou alors advient-il préférentiellement dans la temporalité d’une diction ? La visée du présent article n’est pas de trancher en faveur de l’une ou l’autre de ces réponses, mais d’envisager les liens généralement implicites qui relient les modalités matérielles de diffusion des textes et l’idée même de poésie ou de littérature. Quelques exemples anciens de relations entre oralité et écriture sont ici mobilisés pour préparer le terrain à un questionnement sur des pratiques plus récentes : celles qu’ouvre, au début du xxe siècle, l’avènement de l’enregistrement sonore. Dès lors qu’un auteur fixe une variante sonore d’un poème qu’il a par ailleurs publié sur papier, comment envisager le rapport entre ces deux états du texte ? L’un des deux l’emporterait-il sur l’autre ? En vertu de quels critères ? De tels questionnements invitent à remettre en cause le paradigme fortement graphocentrique qui prédomine dans notre champ culturel, sans viser pour autant à déclasser l’écrit au profit d’une supposée oralité retrouvée. Les réponses esquissées tendent plutôt vers l’idée d’une dualité constitutive du poème, d’une « poésie amphibie ».