2018
Jean-Sébastien Alix, « Néo-libéralisme et action sociale : disqualification de la résistance et recherche de l’assentiment des professionnels », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.tjt4py
Le travail social connaît de nombreuses réformes et remises en question : Responsabilisation accentuée des acteurs, mise en concurrence des services et établissements, exigence d’une performance des pratiques, élaboration d’un « droit souple » qui ne serait plus un « ordre de contrainte » (Conseil d’État, 2013) mais un outil de « soutien » aux professionnels et l’investissement affirmé d’acteurs issus du monde marchand selon l’idée que le capitalisme serait au service de l’intérêt général (Borello, 2017) sont les éléments constitutifs des mutations contemporaines de l’action sociale. Face à celles-ci, de nombreuses voix n’ont pas tardé à se faire entendre par l’intermédiaire des universitaires (Chauvière, 2010 ; Dartiguenave et Garnier, 2008), des collectifs tels que Avenir-éducs, l’Inter-régional des formatrices et formateurs en travail social (L’IRE), le collectif des 39, l’Appel des appels, pour ne citer qu’eux, et des nombreuses mobilisations nationales dans les secteurs de la protection de l’enfance, du handicap, des personnes vieillissantes dépendantes, etc. Ces mouvements oppositionnels revendiquent globalement une reconnaissance plus forte de la spécificité des métiers du social, par la charge symbolique qu’elle porte et l’engagement de soi des professionnels. De la sorte, ces mouvements mettent en avant la capacité des agents à porter une critique sur les rationalités technico-gestionnaires dans la mesure où l'attitude critique « est le mouvement par lequel le sujet se donne le droit d'interroger la vérité sur ses effets de pouvoir et le pouvoir sur ses discours de vérité » (Foucault, 2015).