Analyse pluridisciplinaire des carrières professionnelles : évolutions, exclusions, inégalités sociales et de genre

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Les travaux présentés dans ce mémoire d’Habilitation à Diriger des Recherches traitent tous des carrières. Le premier chapitre présente les principales caractéristiques de mes travaux, en termes d’approches théoriques et méthodologiques. J’adopte dans mes recherches une perspective institutionnaliste et pluridisciplinaire mobilisant l’économie des conventions, les théories de la segmentation et du life course et des données longitudinales et méthodes d’analyse variées, quantitatives et qualitatives. Les travaux résumés dans le deuxième chapitre traitent des transformations des carrières, des trajectoires de chômage et de l’effet des politiques de l’emploi sur celles-ci. Ils montrent d’abord une hausse, mais limitée, de la mobilité professionnelle et surtout une augmentation des passages par le chômage. Mes recherches se sont particulièrement intéressées aux situations de chômage durable et plus généralement d’exclusion économique et sociale, en mettant l’accent sur les représentations du marché du travail et modes de valorisation des compétences, qui sont pluriels mais peuvent entrer en tension causant des ruptures dans les parcours. L’analyse du champ des intermédiaires du marché du travail montre que leurs évaluations sont centrales et met l’accent sur le risque qu’une multiplication des « chaînes d’intermédiation » et une uniformisation des critères d’évaluation fait courir en termes de discrimination et d’exclusion durable de certains profils de demandeurs d'emploi. Enfin, ces travaux mettent en évidence une pluralité de parcours d’emploi et de chômage, même au sein de salariés partageant un même statut ou niveau d’emploi (salariés au Smic ou en contrats courts). On voit ainsi différents types de carrières se dessiner, dans des espaces de mobilités distincts, que les politiques de sécurisation des parcours professionnels étudiées (salaire minimum, formation professionnelle, indemnisation du chômage) peinent à infléchir. Les travaux synthétisés dans le troisième chapitre ont d’abord mis en évidence les grandes évolutions des carrières, de génération en génération, et entre femmes et hommes. Ils montrent l’importance des phénomènes de transmission intergénérationnelle qui font perdurer les inégalités sociales. La plupart des lignées sont caractérisées par une forte reproduction et homogamie sociales, notamment aux deux extrêmes du gradient socioprofessionnel – les cadres et les ouvriers. Dans les lignées plus mobiles et qui sont dans une trajectoire ascendante, l’activité et la position socioprofessionnelle des mères s’avèrent déterminante. Malgré un certain rapprochement des carrières des femmes et des hommes, des différences importantes subsistent. Deux facteurs de ces inégalités sont analysés dans mes recherches : l’effet des politiques et modes d’organisation du travail dans les entreprises ; la question de l’articulation entre vie professionnelle et vie familiale. Les inégalités de genre persistantes dans la sphère domestique, même pour les plus jeunes générations où pourtant les normes égalitaires progressent, sont source de conflit important entre travail, ou formation, et parentalité pour les femmes, ce qui pèse sur leurs perspectives de promotions, leur bien-être et leur santé. Cependant, les données existantes peinent à saisir les évolutions les plus récentes dans ce domaine. Le dernier chapitre présente mes perspectives de recherche sur cette thématique, axées notamment sur la réalisation et l’exploitation d’une enquête statistique inédite.

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