11 février 2021
Directory of Open Access Books, ID : 10670/1.ts2zml
Nicolas Tournier est un des peintres dont le nom est indissociable de la ville de Toulouse, où il a exercé son métier durant les années 1630. Originaire de Franche-Comté, il a séjourné à Rome dans les années 1620, puis s’est établi en Languedoc, à Narbonne, Carcassonne et Toulouse. Durant les douze dernières années de sa vie, il y a exécuté des tableaux sur lesquels les historiens d’art se sont appuyés pour reconstituer son œuvre peint. « Redécouvert » par Charles Sterling (1934), qui avait révélé ce que l’on pensait alors être la production languedocienne de Tournier (c’est-à-dire trois tableaux), ce suiveur de Caravage est un peintre dont la vie et la carrière reposent sur de rares documents. Les travaux entrepris, ceux de R. Longhi en premier, ont eu pour principal objectif d’établir le catalogue de ses tableaux (une quarantaine de toiles aujourd’hui), aboutissant à un résultat paradoxal : un œuvre italien conséquent, qui repose entièrement sur l’attribution ; un œuvre languedocien qui a peu évolué. Or, chacun sait que toute étude monographique, aussi utile soit-elle, atteint les limites de l’exercice même qui tend à enfermer le peintre dans sa vie et son œuvre. À l’occasion de la première exposition rétrospective du peintre présentée au Musée des Augustins, il a paru opportun de proposer une approche complémentaire à la reconstitution de l’œuvre qui touche à des problématiques plus larges qui se posent aujourd’hui à l’historien d’art : replacer Tournier et sa peinture dans le cadre du mouvement international du caravagisme, reprenant ainsi le débat précédemment engagé sur le sujet, dans le cadre de la peinture en Europe du premier XVIIe siècle. On a donc privilégié deux axes : premièrement, Tournier et l’Italie, car le peintre y a séjourné au moins sept ou huit ans, de 1619 à 1626 si l’on se réfère aux Stati d’anime ; deuxièmement, la diffusion du caravagisme : en France car Tournier, qui travaille en Languedoc, est un des principaux acteurs de la diffusion du caravagisme en France, avec Finson, Bigot et les François ; et en Espagne, d’une part parce que ce pays a aussi été touché par la mode du caravagisme et d’autre part car une vieille hypothèse, bien ébranlée mais tenace, veut que la peinture toulousaine ait des rapports avec l’art espagnol.