14 septembre 2015
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Alexandre Maden, « Distinguer et représenter les minorités nomades du Proche-Orient ottoman (1673-1831) : la représentation occidentale des peuples bédouins, kurdes, turcomans et yézidis, d’après les sources de langue française », DUMAS - Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.tsgdph
Personnage immuable et représenté dans son cadre naturel, le nomade reste un personnage à part dans la représentation des voyageurs occidentaux. Antonyme du sédentarisme, le nomadisme à longtemps fait référence à une forme de libération de la condition humaine de toute contrainte civilisationnelle. Habitué à migrer, à passer d'un lieu à un autre, le nomade n'en est pas pour autant détaché de son identité et du sentiment d'appartenance à un territoire. Cette étude qui s'étend de 1673 à 1831, a pour objectif de mettre en évidence la représentation, d'après des sources occidentales, des peuples nomades kurde, bédouin, turcoman et yézidi dans l'Orient ottoman. Voyageurs ou simples chroniqueurs, les auteurs occidentaux restituèrent des portraits souvent stéréotypés des populations nomades, l'observation prenant alors le dessus sur le raisonnement. Souvent délaissé par les chercheurs, le contenu des récits de voyages permet néanmoins de faire apparaître une réalité bien plus complexe à propos de ces peuples. L'altérité apparaît dans ces récits comme un sujet de discours visant à définir des hommes et des groupes dont on ne sait pratiquement rien. Les relations de voyages révèlent toute une série d'anecdotes et de descriptions, à partir desquelles se dégage une représentation des populations nomades. Les auteurs prennent position sur les aspects de la civilisation et de la culture des peuples décrits, sur le rapport avec le pouvoir ottoman, puis érigent le résultat de leurs réflexions en un fait établi. Bien que souvent faussées, ces tentatives démontrent tout de même un surpassement du soi de la part des auteurs. Ceux-ci sont parfois allés au-delà des particularismes, au-delà du cadre intellectuel des XVIIIe et XIXe siècles qui consacraient la civilisation européenne comme maîtresse du monde. Il s'agit de se demander comment des auteurs comme Carsten Niebuhr, Laurent d'Arvieux, Constantin-François Volney ou Joseph Pitton de Tournefort percevaient les populations nomades de l'Orient ottoman ? Quels regards de lettrés avaient-ils sur ces populations ? Dans quel but les décrivait-ils ? Cette expérience double, voyager et décrire, dans une époque marquée par l'empreinte des Philosophes des Lumières, a engendré une représentation stéréotypée et réductrice. Dans cet univers lointain, c'est l'imaginaire qui dirige la connaissance.