Joseph de Maistre and the native country. The story of a misunderstanding, (p. 19-55): (This text was also published in "Dossier H. Joseph de Maistre. Dossier designed and directed by Philippe Barthelet", Lausanne - Paris, Editions L'Age d'Homme, 2005, 877 p., pp. 68-92) Joseph de Maistre et le pays natal ou l'histoire d'un malentendu, (pp. 19-55): (Ce texte a également fait l'objet d'une publication dans l'ouvrage "Dossier H. Joseph de Maistre. Dossier conçu et dirigé par Philippe Barthelet", Lausanne - Paris, Editions L’Age d’Homme, 2005, 877 p., pp. 68-92) En Fr

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2003

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Bruno Berthier, « Joseph de Maistre et le pays natal ou l'histoire d'un malentendu, (pp. 19-55): (Ce texte a également fait l'objet d'une publication dans l'ouvrage "Dossier H. Joseph de Maistre. Dossier conçu et dirigé par Philippe Barthelet", Lausanne - Paris, Editions L’Age d’Homme, 2005, 877 p., pp. 68-92) », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.tt8mjs


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S'il revient à Xavier de Maistre d'avoir décrit il y a déjà longtemps les affres de l'isolement morbide du lépreux, c'est pourtant à son frère aîné qu'a été donné d'expérimenter effectivement dans la postérité littéraire la solitude induite de cette logique terrible du cordon sanitaire. Or ce même Joseph de Maistre, ce penseur contagieux dont il convenait depuis des décennies de se garder pour prétendre à la santé morale, revient peu à peu aujourd'hui à la mode. Ainsi vont les temps ! A dose encore homéopathique le chantre de la Contre-Révolution, le barde flamboyant de la monarchie de droit divin semble presque redevenir anodin, assimilable sans danger par quiconque. On hésite d'ailleurs de moins en moins, dans les salons où l'on se pique de littérature et d'idées en vogue, voire dans les dîners en ville de même acabit, à en recommander à ses interlocuteurs d'un soir les bienfaits d'un usage modéré.En bref d'aucun se prennent à rêver de Chambéry à Siant-Pétersbourg d'une gloire posthume enfin méritée dans l'univers des Belles Lettres pour le Joseph de Maistre francophile, franc-tireur sans l'avoir pu exprimer en ces termes, dans la langue du XIXe siècle, de la défense des intérêts de toute minorité locale face à l'hégémonie de quelque pensée unique que ce soit. Et à cet égard un microcosme savoyard aussi inconséquent qu'oublieux gagnerait à ne pas faire exception à la règle en participant à son tour au mouvement de renaissance de cette fragile popularité, si l'on peut dire, de son compatriote. Mais voilà ! L'intéressé, enfant terrible et mauvais garnement à l'endroit des susceptibilités chambériennes, a entretenu tout au long de son existence des rapports si ambigus avec un petit pays natal que celui-ci, il faut bien l'avouer, n'a pu s'empêcher de lui rendre la pareille.Alors donc que le baisser de rideau frise l'imminence presque partout au monde, le drame maistrien d'une vie d'errance semble vouloir se perpétuer dans le pathétique silence de Chambéry à l'endroit de son illustre fils. Pour sa petite patrie Joseph de Maistre incarne en effet à merveille ce profil peu enviable de l'ingrat dont la mémoire, une fois les souvenirs précis de l'existence mortelle consommés, continue de représenter un bien encombrant legs pour ses proches restés au pays. Que ne s'est-il contenté de railler d'un trait de plume la mesquinerie, le morne ennui de sa cité natale ? De cette ville insignifiante où il succombe anéanti, la tête comme écrasée "sous l'énorme poids du rien" ! De cette cuvette marécageuse où il se languit à l'image d'une vulgaire "huître accrochée à son rocher" ! Le temps aurait eu tôt fait, dans l'humidité des ruelles obscures de la vieille capitale du Duché de Savoie, de gommer des mémoires ces frasques épistolaires au demeurant bien vénielles de chenapan surdoué, à l'étroit dans son existence exempte d'imprévus, engoncé dans la pesante toge du magistrat de province, suffocant sous la poudre d'une perruque surannée. Que nenni ! Après tant d'années d'un malentendu notoire, le feu du reproche outré couve toujours au pied des grandes Alpes de Savoie. Pour des autochtones à qui il renvoie l'écho assourdi de la faiblesse de leurs aïeux, de ceux qui ont frileusement refusé d'abandonner leurs maisons au plus for de l'orage révolutionnaire, le sujet maistrien demeure sensible. La prose sentencieuse du moraliste ne se fait-elle pas le miroir inconscient de toutes ces menues lâchetés, de ces innombrables compromissions avec le quotidien d'une époque délétère qu'ils voudraient ne jamais plus avoir à se remémorer ?

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